Washington cherche à exagérer les difficultés économiques chinoises afin de faire fuir les investisseurs et contenir la croissance de son rival.
L’économie chinoise connaît manifestement des difficultés. Le ralentissement du marché immobilier, accompagné par un taux de chômage accru chez les jeunes et par une diminution des prêts, n’incitent pas à l’optimisme.
Lorsque la deuxième économie mondiale est sortie en janvier de plusieurs années de restrictions dues au Covid-19 et qu’elle s’est ouverte à nouveau, on s’attendait à ce que celle-ci reparte à l’assaut. Mais ce ne fut pas le cas. Au contraire, Pékin semble avoir perdu de son élan.
Sans surprise, ces difficultés économiques ont alimenté une cascade de commentaires dans les médias occidentaux prédisant le pire pour l’économie chinoise, proclamant la fin de sa montée en puissance et de son essor économique, et n'augurant rien d’autre que son inéluctable déclin.
Les États-Unis ne rêvent que de décourager les investisseurs étrangers
La couverture médiatique de cette dernière a toujours été délibérément négative, il faut garder cela à l’esprit lorsqu’on examine la situation en Chine. Les États-Unis ne rêvent que de décourager les investisseurs étrangers et limiter l’engagement économique et le commerce avec la Chine. Tel est leur programme dont les médias sont activement complices.
Endiguer la Chine comme l'URSS ?
Les États-Unis ne veulent pas voir la Chine devenir une superpuissance économique, sous quelle forme que ce soit, et ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour tenter de mettre fin à sa croissance. Les mesures prises par les États-Unis à l’encontre de la Chine, visant en particulier le secteur des hautes technologies, ne cessent de croître en termes d’ampleur et de sévérité. Qui plus est, les États-Unis ne veulent tout simplement pas voir la Chine réussir en aucune manière, sachant que si Pékin devenait la plus grande économie au monde, l’impact psychologique serait énorme. Considérant comme modèle l’endiguement de l’Union soviétique, les États-Unis ne souhaitent rien d’autre qu’une Chine qui tourne au ralenti, qui stagne et qui, par conséquent, échoue à se maintenir dans la lutte stratégique globale à grande échelle.
Ainsi, depuis la mise en place de l’agenda anti-Chine, la couverture médiatique occidentale de cette dernière est devenue extrêmement négative, même lorsque cela n’est pas justifiée, cherchant sans cesse à imposer un narratif de « l’échec » sur la manière dont Xi Jinping gouverne l’économie de son pays.
Pour être juste, depuis l'avènement de ce contexte stratégique, l’environnement permettant à la Chine de se développer est, en effet, devenu moins favorable pour cette dernière. Les États-Unis ont imposé des tarifs douaniers sur les produits chinois importés s'élevant à des centaines de milliards, et justifient leur refus de les modifier par le besoin plus large de faciliter la mutation des chaînes d’approvisionnement. Ils créent délibérément des tensionsgéopolitiques pour dissuader les investisseurs étrangers de se rapprocher de la Chine. Enfin, les États-Unis ont inscrit des entreprises chinoises sur leur liste noire et ont tout fait pour empêcher la Chine de tisser des liens économiques avec tout pays allié.
Washington mène une guerre hybride contre Pékin
Les États-Unis mènent une guerre hybride psychologique, économique, diplomatique et militaire contre Pékin sur tous les fronts, et une partie essentielle de cet effort consiste à saper la confiance dans l’économie chinoise en balayant la certitude, la stabilité et la paix qui ont permis à Pékin de prospérer. Voilà pourquoi Xi Jinping a reconnu que la croissance économique de la Chine devait reposer davantage sur son propre marché et son propre développement, par opposition aux accords conclus avec des pays étrangers. Cela étant dit, ces faits ne signifient pas pour autant que le catastrophisme des médias dit vrai. On oublie un peu facilement que le climat économique mondial dans son ensemble n’est pas reluisant actuellement. La zone euro, par exemple, fait face à une croissance stagnante et se trouve au bord de la récession.
L’inflation galopante, déclenchée par le conflit en Ukraine sur fond des répercussions déjà mauvaises de la pandémie de Covid-19, a ralenti la consommation dans le monde entier. Par conséquent, il y a moins d’investissements et moins d’échanges commerciaux avec la Chine, ce qui freine sa croissance. C’est un principe fondamental de l’économie. Cependant, les médias transforment cela en une déclaration politique ciblant Xi Jinping ainsi qu’en plaidoyer pour le programme américain de «découplage», comme s’il ne se passait rien d’autre.
Dans ce contexte, la Chine doit faire preuve de plus d’audace pour saisir «l’initiative psychologique» et faire étalage de sa force dans son économie. Elle doit enclencher quelque chose. Car, en fin de compte, les hommes d’affaires ne sont pas guidés uniquement par des «narratifs américains». Ils fonctionnent selon un équilibre entre incitations et risques. Actuellement, les États-Unis et leur programme de négativité amplifient les risques, mais si la Chine pouvait afficher sa confiance dans sa position de meneur, dans son gouvernement et dans sa réussite, comme elle l’a fait au cours de la première année de la pandémie du Covid-19 en 2020, elle pourra à nouveau séduire les investisseurs et les entreprises et déjouer les plans des États-Unis. Ce que nous devons comprendre est que la concurrence entre les États-Unis et la Chine est tout autant psychologique qu’économique et stratégique. Washington veut que Pékin se sente désespéré au point de ne plus parvenir à penser par lui-même, et que cela devienne «la norme». Mais il y a beaucoup de choses qui peuvent changer en politique, et la Chine a encore de nombreuses opportunités pour agir.