Dans la Grande Interview, Jean-Marc Sylvestre reçoit Michel Sapin, ancien Ministre du Travail (2012-2014) et ancien Ministre de l’Économie et des Finances (2014-2017) sous la présidence de François Hollande.
L’ancien ministre donne son analyse de la crise des Gilets jaunes. Selon Michel Sapin, «deux allumettes ont été grattées par le gouvernement et le président de la République». Il estime que cette souffrance des français vient à la fois d’un sentiment d’injustice sur la question fiscale et d’un manque de considération de la part du pouvoir, notamment dans ses prises de paroles. «L’injustice et le mépris, ça a mis le feu», conclut l’ancien ministre. Il ajoute que cette crise aurait pu être évitée si «l’on s’était tourné vers les corps intermédiaires, vers ceux qui portent une part de l’intérêt général, du côté patronal comme du côté syndical, du côté des assemblées d’élus, comme du côté des grandes ONG».
Selon Michel Sapin, cette revendication fiscale était prévisible : « vous ne pouvez pas exonérer quasiment de tout impôt la fortune financière –parce qu’on sait que les grandes fortunes sont financières et pas immobilières– et au même moment augmenter la CSG sur les retraites». Il considère que le système actuel «au lieu d’encourager l’investissement productif, dans les startups par exemple, encourage celui qui est né avec l’investissement, celui qui a eu le plaisir de succéder à son père». Pour l’ancien ministre, on pourrait lever: «soit un impôt sur la détention, soit un impôt sur la succession».
Michel Sapin revient également sur le phénomène de mondialisation qui, à son avis, «comme toute situation libérale, rend nécessaire des régulations». «Et cette régulation, on ne peut pas la faire seul, ajoute-t-il, il faut passer par le niveau européen et, dans un certain nombre de domaines, par le niveau mondial».