Est de la RDC : l’ONU dénonce des exactions, Kigali et le M23 réfutent les accusations, mais les violences se poursuivent

La réunion du Conseil de sécurité qui s’est tenue à New York sur la situation dans l’est de la RDC était marquée par une hausse du ton de Washington, l’appel au dialogue de Moscou, la dénonciation de violences ethniques par Kinshasa et le rejet des accusations par Kigali, le tout sur fond de violences se poursuivant sur le terrain.
Lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, le 22 août, convoqué à la demande des États-Unis suite aux conclusions des séries de rapports accablants de Human Rights Watch, du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH) et du Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l'Homme (BCNUDH) dénonçant de graves exactions contre les civils dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Lors de la session du Conseil de sécurité, Washington a durci le ton contre l’AFC/M23, abandonnant le ton conciliant adopté jusqu’ici dans le traitement du conflit dans l’est de la RDC. L’ambassadeur des États-Unis aux Nations unies, Dorothy Shea, a déclaré : « Soyons clairs : les massacres perpétrés par le M23, soutenu par le Rwanda, contre des civils dans le territoire de Rutshuru et ailleurs, sont horribles, et les États-Unis les condamnent avec la plus grande fermeté », pointant ainsi directement la responsabilité des rebelles du M23 et leur soutien – le Rwanda. « Par ailleurs, les informations du gouvernement américain confirment que le M23, soutenu par des éléments des Forces de défense rwandaises, a affronté les forces congolaises autour de Mulamba, dans la province du Sud-Kivu en RDC, à partir du 8 août », a-t-elle confirmé.
La représentante américaine à l’ONU a prévenu que son pays tiendra ce qu’elle qualifie de « fossoyeurs de la paix » pour responsables des violences, appelant les membres du Conseil de sécurité à faire de même.
La Russie déplore la menace qui pèse sur les civils
L'adjointe au représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, Anna Evstigneïeva, a souligné lors de son intervention au Conseil de sécurité la nécessité de cesser les hostilités et le retour à la vie normale de la population de l’est de la RDC. « Malgré l’issue positive évidente des négociations à Washington et à Doha, il n’est pas encore possible de neutraliser les menaces pesant sur les civils congolais », a-t-elle déploré, indiquant « une nette dégradation de la situation sécuritaire » dans les provinces de la RDC. Elle a aussi pointé les « attaques violentes de la part du groupe M23 et des Forces démocratiques alliées », qui ont fait des centaines de victimes civiles durant les mois récents. « Nous condamnons résolument ces actes de violence inadmissibles. Nous exprimons nos condoléances aux familles et aux proches des victimes, ainsi qu’au gouvernement de la RDC. Nous souhaitons un prompt rétablissement à tous les blessés », a-t-elle ajouté.
La RDC dénonce des agressions ethniques, Kigali rejette les accusations
Le représentant de la RDC a exprimé ses doutes quant à la sincérité du Rwanda dans le processus de paix et réclamé des sanctions contre Kigali et l’AFC/M23, pointant la nature ethnique des récentes attaques menées dans l’est de la RDC.
La diplomatie rwandaise a rejeté, par voie de communiqué, le 22 août, les accusations contre le pays des organes des Nations unies et de Human Rights Watch, évoquant des « allégations scandaleuses, qui soulèvent plus de questions qu'elles n'apportent de réponses, ne sont pas le résultat d'une enquête crédible, mais ont été divulguées à la hâte aux médias dans le but d'imposer un récit prédéterminé ». Elle a appelé à mener une enquête indépendante et souligné sa détermination à œuvrer en faveur d'une région des Grands Lacs pacifique, sûre et prospère.
L’AFC/M23 a de son côté rejeté ce qu'il a qualifié d'allégations du BCNDH et de Human Right Watch sur les massacres d'une centaine de personnes à Rutshuru au Nord-Kivu. Dénonçant des accusations mensongères, visant à torpiller le processus de Doha, Bertrand Bisimwa, coordonnateur adjoint de l'AFC/M23, a déclaré que son mouvement était favorable à une enquête internationale.
Les violences continuent dans l’est de la RDC
Au moment même où se tenait la réunion du Conseil de sécurité, des affrontements ont été signalés entre les rebelles de l'AFC/M23 et l'armée congolaise appuyée par les Wazalendo dans la province du Sud-Kivu. Les combats ont fait rage dans la localité de Kakanga et Matundu en territoire de Mwenga et sur l'axe Nzibira en territoire de Walungu, rapportent des sources sécuritaires. Dans ce contexte, l'armée congolaise a affirmé avoir contenu les attaques de l’AFC/M23 et abattu un drone kamikaze à Nzibira.