Dans le cadre de l'émission La Grande Interview, Samantha Ramsamy a rencontré le président de la Commission de l’Union africaine : Moussa Faki.
L’occasion d’évoquer le soutien de la Russie dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et en Afrique plus largement. L’Union africaine (UA) et Moscou devraient coopérer dans le domaine du renseignement.
Très inquiet de la situation au Sahel où se concentrent des groupes armés et djihadistes, Moussa Faki espère que la force G5 Sahel soutenue par la France et l’Union européenne sera vite opérationnelle. Le G5 accuse du retard. Les pays membres (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) n’ont pas tout à fait bouclé son financement.
«La particularité, c’est que cette mission n’a pas de financements directs des Nations unies alors que cette force lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière», regrette Moussa Faki. Et d'ajouter : «En matière d’échanges d’informations, le ministre a offert les services de la Fédération de Russie pour travailler avec l’UA, notamment en dressant la liste des terroristes étrangers pour la partager avec les services de l’Union africaine. Et également, la Russie a demandé le statut d’observateur au niveau de l’Afripol qui est l’organisation qui coordonne les opérations au sein des polices africaines».
Le G5 Sahel devrait à terme remplacer la force militaire française Barkhane déployée dans la région depuis la fin de la guerre au Mali. «Notre souhait est que les forces africaines défendent elles-mêmes l’Afrique, c’est un principe», a fait savoir Moussa Faki.
Le président de l’Union africaine a évoqué les relations du continent africain avec les Etats-Unis surtout après les déclarations polémiques de Donald Trump. Le président américain avait qualifié les pays africains de «pays de merde». Dans cet entretien, Moussa Faki souligne combien il est difficile d’obtenir l’appui des Etats-Unis pour obtenir un financement direct onusien pour les missions de paix africaines, notamment en Somalie afin de lutter contre la menace Al Shabaab.
«Le problème qui se pose c’est que certains Etats membres permanents du Conseil de sécurité refusent le financement de ses missions sur les ressources prévisibles par les Nations unies […] pour des raisons budgétaires et peut-être même idéologiques. Les Etats-Unis, par exemple, pour dire clairement les choses se sont opposés au financement direct et de l’AMISOM et du G5 Sahel».
Moussa Faki évoque enfin le renforcement à venir du partenariat Afrique–Russie, pas seulement sur le plan sécuritaire, et souligne l’absence d’une représentation africaine au sein du conseil permanent de sécurité. Enfin pour conclure, il annonce la création d’une zone de libre-échange panafricaine. Dix jours après cet entretien accordé à RT France, en effet 44 pays africains ont signé le 21 mars à Kigali un accord créant une zone de libre-échange continentale (Zlec).