La normalisation entre Israël et deux Etats arabes du Golfe, les Emirats arabes unis et Bahreïn, suscite autant d'espoirs que d'inquiétudes. Le nouveau partenariat risque en effet de bouleverser le paysage géopolitique du Moyen-Orient.
Une nouvelle ère commence dans les relations entre Israël et le monde arabe. Le 15 septembre, les Emirats arabes unis et Bahreïn signent chacun des accords de paix avec Israël, appelés accords Abraham. En plus d’une reconnaissance mutuelle, les signataires s’engagent à coopérer dans pratiquement tous les domaines, allant de la défense et l’économie au tourisme et à la santé. Au niveau régional, ce rapprochement inédit suscite des réactions contrastées : l’Egypte et Oman se disent favorables au marché tandis que la Turquie et l’Iran s’y opposent fermement. Ankara va jusqu’à menacer de rompre les relations diplomatiques avec Abou Dhabi ; Téhéran se sent aussi obligé de réagir, voyant dans ce nouveau partenariat une menace pour son influence dans la région.
Ce rapprochement inédit aura sans doute profondément affecté l'interminable conflit israélo-palestinien. Jadis assurée, la solidarité du monde arabe en faveur de la cause palestinienne se fissure de plus en plus. Ainsi, la Ligue arabe refuse de condamner la décision des Emirats et de Bahreïn même si la délégation palestinienne en a fait la demande expresse. Donald Trump, de son côté, se veut confiant et voit au contraire dans ces accords un facteur d'apaisement régional, promettant l'adhésion prochaine d’autres pays arabes aux accords Abraham.
Peut-on vraiment parler de la fin du dialogue israélo-palestinien dans le nouveau contexte de rapprochement entre Israël et les deux Etats arabes ? Comment Abou Dhabi et Manama expliquent-ils leur décision de s’ouvrir à Israël ? Quels avantages politiques et économiques ce nouvel accord promet-il à ses signataires ? Pour répondre à ces questions, Oleg Shommer interroge Karim Sader, politologue et professeur à l’université Saint-Joseph de Beyrouth.
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