Quelques semaines après la démission de Shinzo Abe, le nouveau Premier ministre vient de prendre les rênes du pays. Ancien bras droit d’Abe, il hérite d’un bon nombre de défis en interne comme à l'international. Comment va-t-il s'en sortir?
Une nouvelle page s’ouvre dans l’histoire du Japon : après huit années au pouvoir, Shinzo Abe annonce fin août sa démission surprise pour raisons de santé. Le Parti libéral-démocrate actuellement au pouvoir donne sa confiance à Yoshihide Suga pour succéder à l’ancien Premier ministre japonais. Proche conseiller d’Abe et porte-parole de son gouvernement, il hérite de son prédécesseur d’un bon nombre de défis.
En interne, il devra avant tout atténuer les conséquences d’une crise économique qui a frappé le Japon de plein fouet suite à la pandémie de Covid-19. A l’international, la situation n’est pas moins compliquée car le nouveau dirigeant japonais devra naviguer entre deux puissants acteurs de la scène internationale autour de Tokyo : les Etats-Unis et la Chine. Tout comme son prédécesseur, il donne déjà la priorité aux relations avec Washington mais se prononce en même temps en faveur de la poursuite du rapprochement avec Pékin. Cette approche sera-t-elle viable compte tenu de l’aggravation des tensions entre la Chine et les Etats-Unis ?
L’autre problématique que Shinzo Abe lui a laissé est l’avenir des relations nippo-coréennes, entachées par les récents différends commerciaux. Ici, Suga adopte une approche ferme et exclue immédiatement toute concession du côté japonais. Concernant la Russie et le règlement de la question des îles Kouriles disputés entre les deux pays, le nouveau Premier ministre semble vouloir garder la même approche que la précédente administration, à une exception près : désormais, un accord de paix éventuel avec Moscou inclurait des revendications sur quatre îles Kouriles, et non pas deux, ce qui risque de compliquer les négociations avec Moscou.
Quelles sont les autres points de la stratégie du nouveau Premier ministre à l’international ? Quel est le bilan de son prédécesseur Shinzo Abe ? Pourquoi les parlementaires japonais ont-ils préféré Suga aux autres candidats ? Pour répondre à ces questions, Oleg Shommer interroge Arnaud Nanta, historien du Japon et directeur de recherche au CNRS à l’Institut d’Asie Orientale de Lyon.
L'ECHIQUIER MONDIAL. Mer de Chine méridionale : tempête en vue ?