La brusque démission du président socialiste Evo Morales a bouleversé le fonctionnement de l'ensemble de la Bolivie. Des changements profonds s’opèrent à l'intérieur comme à l’international. Mais ce tournant drastique est-il fait pour durer ?
La Bolivie est plongée dans l’incertitude depuis la démission du président socialiste Evo Morales. Accusé par l’opposition de fraude électorale, il quitte le pays en laissant le siège présidentiel libre. Le vide du pouvoir est comblé par la deuxième vice-présidente du Sénat, Jeanine Áñez, qui se proclame présidente par intérim et entame un virage à droite immédiatement après avoir pris les rênes du pouvoir.
Parmi ses premières mesures figure la nomination d'un nouveau gouvernement qui cherche avant tout à en finir avec l’héritage de Morales. Des centaines de ses anciens collaborateurs sont menacés de poursuites judiciaires. Le Mouvement pour le socialisme (MAS), le parti de Morales, pourrait être privé du droit de participer aux nouvelles élections générales prévues en mai 2020. A l’international, la ligne politique de Morales semble désormais révolue. Le nouveau gouvernement rompt les relations avec le Venezuela, expulse des centaines de médecins et enseignants cubains et des tensions ont lieu avec le Mexique. Au contraire, un rapprochement se dessine avec le Brésil et les Etats-Unis. Les deux pays ont été parmi les premiers à reconnaître la nouvelle présidente par intérim bolivienne.
Comment expliquent-ils leur décision ? Quelle est la cause de la démission de Morales ? Enfin, comment le parti de l’ancien président socialiste compte-t-il lutter pour reconquérir le pouvoir ? Pour répondre à ces questions, nous retrouvons Christine Delfour, professeur des universités à Paris Est-Marne-la-Vallée, spécialiste de l'Amérique latine et plus particulièrement de la Bolivie, auteur de L'invention nationaliste en Bolivie : une culture politique complexe.
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