Racisme et discriminations : la France est sur la mauvaise pente selon le Conseil de l'Europe
Le Conseil de l’Europe remarque qu’en France, l’intolérance à l’égard des minorités comme les Roms, les musulmans et les juifs était déjà en progression avant l’attentat contre Charlie Hebdo.
Nils Muiznieks, le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, a dressé un sombre portrait du multiculturalisme en France alors que le pays vient de vivre une terrible attaque terroriste contre la rédaction de Charlie Hebdo qui a fait 12 morts au siège parisien du magazine satirique.
Les deux attaquants, Chérif et Saïd Kouachi, étaient musulmans.
Mais en France, l’intolérance envers les minorités était déjà en hausse avant les attaques terroristes du mois de janvier à Paris.
RT@rt_com En #France, #juifs et #musulmans affrontent un #racisme et des #discriminations croissants
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— RT France (@RTenfrancais) 20 Février 2015
«Ces dernières années, il y a eu une forte augmentation du nombre d’actes antisémites, antimusulmans et homophobes», a écrit le commissaire qui a basé ses conclusions sur une visite effectuée en France en septembre 2014. «Durant le seul premier semestre de 2014, le nombre d’actes antisémites a pratiquement doublé alors que le nombre de juifs qui ont quitté la France a triplé par rapport à 2012, une indication convaincante de leur sentiment d’insécurité».
Cette semaine encore, Zvika Klein, un journaliste juif, a décidé de se promener pendant 10 heures dans Paris équipé d’une caméra cachée en portant une kippa. Il a raconté à RT son expérience.
«C’était effrayant, ce n’était pas une chose à laquelle j’étais habitué, de recevoir des crachats ou d’être insulté dans la rue. En fait, c’était vraiment éprouvant pour les nerfs, plus particulièrement après [les attaques à Paris]… Mais nous avons voulu voir ce que c’était d’être juif à Paris à cette période», a indiqué le journaliste.
Mardi, le président français François Hollande s’est rendu dans le cimetière juif vandalisé de la petite ville alsacienne de Sarre-Union, où il a déclaré que le nombre croissant d'agressions racistes contre les juifs et les musulmans menaçait de désintégrer la nation.
«Est-ce que nous devons mettre des soldats devant les cimetières ?», s’est demandé le président lors de son intervention alors que 250 tombes juives avaient été profanées.
«Comment est-ce que nous comprenons l’innommable, l’injustifiable, l’insupportable?», a demandé François Hollande avant d’ajouter : «C’est l’expression des maux qui rongent notre République».
Mais les actes de racisme et d’intolérance en France ne visent pas seulement la population juive. Muiznieks a aussi remarqué une croissance des actes antimusulmans, dont «80% visent les femmes».
De plus, la race et la religion ne sont pas les seuls facteurs qui provoquent des actes de discrimination en France, il y a aussi l’orientation sexuelle d’une personne. Les militants des droits de l’homme rapportent qu’un acte homophobe se produit maintenant tous les deux jours.
«Malgré les avancées législatives et les mesures pour combattre l’intolérance et le racisme, les discriminations et les discours de haine font plus que persister en France, ils progressent», a encore écrit le commissaire sur sa page Facebook officielle. «Il est essentiel de mettre fin à de tels actes, sur Internet aussi, et de punir ceux qui en sont responsables», a conclu Nils Muiznieks.
Le mois dernier, le Premier ministre français Manuel Valls a touché la corde sensible de ses concitoyens en soulignant la nécessité de faire face à «un apartheid territorial, social et ethnique», ainsi qu’aux «tensions qui perdurent depuis des années» dans la société française.
«Nous devons observer toutes les divisions, toutes les tensions qui durent depuis des années… la négligence des banlieues, des ghettos, de la misère sociale», a ajouté le Premier ministre.