Accusé de désinformation sur le Covid, un animateur américain reçoit le soutien de personnalités

Plusieurs personnalités publiques ont tenu à prendre la défense de l'animateur américain Joe Rogan qui est accusé d'avoir propagé de la désinformation sur le Covid en recevant des scientifiques critiques des vaccins contre le virus.

Star des podcasts aux Etats-Unis, l'animateur américain Joe Rogan est au cœur d'une controverse qui vaut à la plateforme Spotify d'être accusée de propager de la désinformation. A 54 ans, cet ancien champion de taekwondo est l'animateur du podcast portant son nom The Joe Rogan Experience, diffusée exclusivement sur Spotify depuis 2020 en vertu d'un accord estimé à 100 millions de dollars, et qui attire en moyenne 11 millions d'auditeurs par épisode.

Ces derniers mois, Joe Rogan a été au cœur de plusieurs polémiques, notamment en raison de son traitement médiatique de la pandémie. De nombreuses personnalités se sont plaintes de la qualité des informations diffusées sur le Covid via son podcast. Certains artistes comme Neil Young ou Joni Mitchell ont demandé la suppression du podcast sur Spotify à la suite de l'accueil du biologiste Robert Malone, connu pour ses travaux sur l'ARN messager, et son opposition à la vaccination des enfants avec cette technologie. Neil Young réclamant la suppression de sa musique de Spotify si la plateforme continuait de diffuser le podcat incriminé.

Accusé de propager de la «désinformation» sur le Covid 

Pour ses détracteurs, en invitant ces scientifiques, Joe Rogan s'est rendu coupable d'avoir propagé de la «désinformation» sur le Covid et de représenter une «menace pour la santé publique».

Néanmoins, d'autres personnalités politiques et médiatiques ont tenu à prendre la défense de l'animateur. C'est notamment le cas de l'ancienne candidate à la primaire démocrate de 2020, Tulsi Gabbard, qui considère que la menace de censure qui pèse sur Joe Rogan représente une attaque contre la démocratie : «Lorsque nous perdons le droit de parler librement sans crainte d'être puni ou d'être menacé [...], ce n'est plus une démocratie. Cela doit cesser ou notre démocratie prendra fin.»

Le journaliste américain Glenn Greenwald, connu pour avoir révélé au grand public, via Edward Snowden, les programmes de surveillance de masse de la NSA américaine, a fustigé les détracteurs de l'animateur. «Qui est mort en écoutant l'émission de Joe Rogan ?», se demande-t-il. Et d'ajouter : «Je peux vous donner les noms de nombreuses personnes qui sont mortes à cause des guerres dans lesquelles les détracteurs [de l'animateur] ont menti au pays.»

L'acteur américain Dwayne Johnson (alias «The Rock»), a aussi apporté son soutien à l'animateur. L'acteur a réagi à une vidéo postée par Joe Rogan sur Instagram dans laquelle il explique les raisons qui l'ont conduit à inviter les scientifiques au cœur de la controverse. Dwayne Johnson pense que la réponse qu'a donnée Joe Rogan à ses contempteurs était «articulée, claire et juste». La star de films d'action a par ailleurs exprimé son souhait de pouvoir un jour participer à l'émission de Joe Rogan.

Autre soutien, celui du président brésilien Jair Bolsonaro. «Je ne sais pas ce que Joe Rogan pense de moi ou de mon gouvernement, mais cela n'a pas d'importance. Si la liberté d'expression compte, cela implique que les gens devraient être libres de dire ce qu'ils pensent, qu'ils soient d'accord ou non avec nous. Tiens le coup ! Tout mon affection depuis le Brésil !», a-t-il lancé dans un tweet rédigé en anglais, ce qui est très inhabituel sur son compte. 

Sur Instagram, l'animateur a répondu aux critiques tout en justifiant sa décision d'inviter les deux scientifiques incriminés : «Je voulais entendre leur opinion. Je les ai entendus et ces épisodes, en particulier, ont été étiquetés comme propageant de dangereuses désinformations. Le problème que j’ai avec le terme "désinformation", surtout aujourd’hui, c’est que beaucoup de choses que nous considérions comme de la "désinformation" il y a peu de temps, sont maintenant acceptées comme des faits.»

Et de poursuivre : «Par exemple, huit mois auparavant, si vous disiez, "si vous vous faites vacciner, vous pouvez toujours attraper le Covid, et vous pouvez toujours propager le virus", vous seriez retirés des réseaux sociaux et bannis de certaines plateformes. Maintenant, c’est accepté comme un fait [...] c'est dit ouvertement et à plusieurs reprises sur CNN.»

Néanmoins, l'animateur n'est pas resté sans réagir. Dans la même vidéo, Joe Rogan a annoncé que les prochaines émissions de son podcast portant sur des sujets «controversés, en particulier ceux sur le Covid» contiendront désormais une clause de non-responsabilité, incitant les auditeurs à se référer à leur médecin.

Le podcast le plus populaire au monde

En 12 ans d'existence, The Joe Rogan Experience est devenu un poids lourd des médias américains, réussissant l'exploit d'avoir été en 2021, le podcast le plus écouté au monde avec onze millions d'auditeurs selon l'AFP. Joe Rogan a reçu près d'un millier d'invités dont le patron de Tesla Elon Musk qui a fumé un joint de cannabis sur son plateau, le lanceur d'alerte Edward Snowden ou encore le cinéaste Oliver Stone. Joe Rogan a aussi donné la parole à des «climatosceptiques» ou des personnalités critiques des vaccins anti-Covid, ce qui lui a valu d'être qualifié de «véritable mégaphone des mensonges de l'extrême droite» par le site d'information américain Media Matters for America.

Réagissant à la controverse, le PDG de Spotify, Daniel Ek, s'est adressé aux employés de la plateforme le 2 février, un discours dont le site d'information américain The Verge a obtenu une copie audio. Dans son allocution, il a notamment défendu le choix de l'entreprise de continuer à collaborer avec Joe Rogan. «Si nous voulons avoir une chance de réaliser nos ambitions, cela suppose de publier des contenus sur Spotify avec lesquels beaucoup d'entre nous ne seront peut-être pas fiers d'être associés [...] Il y aura forcément des opinions, des idées et des croyances que nous désapprouvons et qui pourraient même nous mettre en colère ou nous attrister», a-t-il déclaré.