Pas d'avancée après l'appel entre Lavrov et Blinken, mais une volonté de «poursuivre le dialogue»
Sergueï Lavrov et Antony Blinken ont échangé ce 1er février par téléphone dans un contexte de vives tensions entre Washington et Moscou autour de l'Ukraine et de la sécurité en Europe.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken ont eu un entretien téléphonique ce 1er février, au sujet notamment des propositions de la Russie en matière de sécurité en Europe.
Quant à la question fondamentale qui nous a incités à nous adresser aux Etats-Unis et à l’OTAN pour leur proposer nos initiatives, la réaction a été négative
Et, à ce sujet, le gouvernement russe n'a pas obtenu satisfaction auprès des Etats-Unis. «Quant à la question fondamentale qui nous a incités à nous adresser aux Etats-Unis et à l’OTAN pour leur proposer nos initiatives, la réaction a été négative. Je parle de nos demandes de respecter proprement les accords relatifs à l’indivisibilité de la sécurité conclus dans le cadre de l’OSCE en 1999 à Istanbul et en 2010 à Astana», a déclaré Sergueï Lavrov à la télévision, après son entretien téléphonique avec Anthony Blinken, en référence aux propositions d'accords que la Russie a fourni aux Etats-Unis et à l'OTAN, en vue de garantir sa sécurité et de parvenir à une désescalade en Europe. Le chef de la diplomatie russe a explicité son propos : «Ces accords prévoient, entre autres, la liberté de choisir ses alliés mais aussi conditionnent cette liberté à la nécessité d’éviter toute mesure qui renforcerait la sécurité d’un pays au détriment d’autres. Nous avons vu les réactions des Etats-Unis et de l’OTAN à cette question-clé, il s’agit d’une attitude négative prononcée.»
En effet, pour Sergueï Lavrov, les Etats-Unis «considèrent littéralement comme l’élément fondamental la liberté de choisir ses alliés tout en oubliant la condition qui a fait l’objet d’une concertation au plus haut niveau, celle qui considère comme inadmissible toute atteinte portée à la sécurité d’autres Etats.»
De fait, les Etats-Unis soulignent la liberté de tout Etat à exprimer son souhait d'intégrer l'OTAN, quand Moscou met en garde sur les dangers que poseraient pour sa sécurité une extension de l'Alliance atlantique à ses portes. La Russie fait également valoir que les Occidentaux avaient promis verbalement à Moscou à la fin de la guerre froide de ne jamais élargir l'Alliance, promesse mainte fois rompue avec les élargissements successifs de l'OTAN aux pays anciennement dits «de l'Est».
Malgré donc cette divergence persistance entre Washington et Moscou, Sergueï Lavrov a assuré que son homologue américain était «d'accord qu'il y a[vait] des raisons pour poursuivre le dialogue» russo-américain, sur ce thème de la sécurité.
Blinken a «exhorté» Lavrov à une «désescalade immédiate»
«Le secrétaire d'Etat [Anthony Blinken] a souligné la volonté des Etats-Unis, de manière bilatérale et avec nos alliés et partenaires, de poursuivre un échange substantiel avec la Russie sur les inquiétudes de sécurité mutuelle», a déclaré de son côté la diplomatie américaine, selon un communiqué du département d'Etat américain après l'appel téléphonique entre les deux hommes. «Il a souligné qu'une nouvelle invasion de l'Ukraine engendrerait des conséquences rapides et sévères», a poursuivi la diplomatie. Il était fait référence ici au fait que les Etats-Unis accusent la Russie d'envisager une invasion de l'Ukraine, ce qu'elle dément catégoriquement, ainsi qu'au rattachement de la Crimée à la Russie à l'issue d'un référendum en 2014, que l'Occident considère comme une annexion illégale.
En outre, Anthony Blinken a «exhorté la Russie à une désescalade immédiate et au retrait des troupes et de l'équipement à la frontière de l'Ukraine», toujours selon le département d'Etat. Le chef de la diplomatie américaine a aussi «exhorté la Russie à emprunter la voie diplomatique» plutôt que le conflit – bien que les responsables russes aient répété ces derniers jours souhaiter une solution diplomatique aux différends en matière de sécurité.
Cette conversation était la première entre les deux puissances, depuis que les Etats-Unis et l'OTAN ont remis la semaine dernière à Moscou leur réponse écrite aux exigences formulées, également par écrit, mi-décembre par les autorités russes.