«Convoi de la liberté» au Canada : un mouvement historique en passe de s'enliser ?

Canada camionneurs Ottawa Trudeau vaccin obligation vaccinale© Lars Hagberg Source: AFP
Des manifestants contre les restrictions sanitaires devant le parlement à Ottawa au Canada, le 29 janvier.
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Le mouvement contre les restrictions sanitaires lancé par les camionneurs canadiens, qui ont bloqué la capitale, a pris une ampleur inédite. Alors que les manifestants se disent prêts à poursuivre le blocage, Justin Trudeau se montre inflexible.

A partir du 29 janvier, des milliers de personnes et des centaines de camions se sont rassemblés dans la capitale fédérale canadienne, Ottawa, en opposition aux mesures sanitaires et à l'obligation d'être vacciné pour franchir la frontière canado-américaine, décrétée par le gouvernement.

Après avoir traversé le pays d’ouest en est sur 4 300 km, le mouvement se poursuit : «Les camionneurs occupent toujours le centre-ville d’Ottawa, malgré les appels répétés de la police, des politiciens et des résidents pour qu’ils quittent les lieux», rapporte Radio Canada.

Ce rassemblement, inédit par son ampleur, a désormais une portée qui va au-delà des frontières canadiennes, puisqu'il a reçu le soutien de personnalités comme Elon Musk ou Donald Trump.

Une protestation pacifique 

Selon la police d'Ottawa elle-même, il s'agit d'«une manifestation de grande envergure et bien financée» ; le dialogue avec les manifestants semble avoir été noué, malgré «la conduite provocatrice de certains». 

«Zéro arrestation pendant tout le week-end», s'est félicité le média en ligne True North, favorable au mouvement, soulignant que toute escalade de violence avait été évitée. «La manifestation a même pris des airs festifs et survoltés», relevait pour sa part Radio Canada.

Certains commentateurs ont cependant évoqué la dégradation de plusieurs monuments : le général Wayne Eyre s'est ainsi dit «révulsé» en voyant «des manifestants danser sur la Tombe du soldat inconnu et profaner le Monument commémoratif de guerre du Canada». A l'inverse, certains journalistes ont mis en avant la responsabilité des manifestants, qui auraient pris l'initiative de nettoyer le mémorial de Terry Fox (athlète ayant milité pour la recherche sur le cancer).

«Discours haineux» et... main de la Russie

Face à cette manifestation monstre, le gouvernement a dans un premier temps tenté de la minimiser, le Premier ministre Justin Trudeau évoquant une «petite minorité marginale» de personnes qui ont des «opinions inacceptables». Confronté aux images prouvant l'ampleur de la mobilisation, la stratégie du gouvernement a ensuite évolué, se focalisant sur la photo d'un drapeau nazi et d'un drapeau confédéré arborés par une poignée de manifestants.

Des comportements jugés «inacceptables» par le ministre des Transports, Omar Alghabra. «Nous devons tous, en tant que société, les condamner», a-t-il déclaré lors de son interview sur la chaîne le 30 janvier.

Le lendemain, le Premier ministre Justin Trudeau lui a emboîté le pas : «Il y a beaucoup de manifestations au cours des dernières années que j'ai vues, auxquelles j'ai participé, que j'ai regardé de loin, au Parlement et ailleurs, où les gens se sont rassemblés, en colère à propos de certaines choses, souhaitant que certaines choses changent. Ils n'y avait pas le niveau de discours haineux, de swastikas, d'abus envers ses concitoyens.» «Il n'existe pas de droit d'inciter à la violence, d'effectuer des actes de violence ou de cracher sa haine», a-t-il lancé.

Certains médias n'ont de leur côté pas hésité à aller chercher très loin des responsables – comme cela a pu être le cas en France à l'époque des Gilets Jaunes –, la journaliste de CBC Nil Koksal, interrogeant le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino en suggérant que... la Russie pourrait jouer un rôle dans le mouvement. Une remarque au complotisme assumé, notamment citée par Fox News : «On craint que les acteurs russes ne continuent à jeter de l'huile sur le feu au fur et à mesure que cette protestation prend de l'ampleur. Mais peut-être même qu'ils en sont les instigateurs, depuis le début.»

Un mouvement inscrit dans la durée ?

Selon les organisateurs du convoi, qui ont donné une conférence de presse dans un lieu tenu secret à Ottawa, les manifestants auraient suffisamment de fonds «pour maintenir les camions sur la colline du Parlement pendant deux à quatre ans», une perspective qui s'opposerait de front à la volonté exprimée par les autorités de les voir quitter les lieux.

Reste à voir si le mouvement pourrait faire basculer l'opinion : d'après un sondage réalisé par l'Institut Angus Reid, de nombreux Canadiens se prononcent pour une réduction des restrictions liées au Covid-19 au Canada : ils sont désormais 54 % à se prononcer pour un retour à plus de liberté, soit 15 points de plus que début janvier, avant le début du «Convoi de la liberté». Selon Radio Canada, Justin Trudeau prévoit de tenir une conférence de presse consacrée au mouvement, tandis que certains députés ont prévenu qu'ils ne se laisseraient pas «prendre en otages».

La manifestation pourrait-elle faire des émules en Europe ? Après l'organisation d'un «Convoi pour la liberté» aux Pays-Bas le 30 janvier, des appels circulent sur Telegram afin d'organiser un mouvement similaire, dénommé European Convoys : des convois partiraient ainsi de chaque Etat membre et convergeraient vers le siège des institutions européennes, à Bruxelles, le 14 février.

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