Israël : une enquête diligentée pour savoir si Pegasus a été utilisé contre des citoyens
- Avec AFP
Et si le logiciel espion Pegasus n'avait pas été seulement destiné à l'export ? La polémique enfle en Israël alors que la police est accusée d'avoir utilisé cette technologie, notamment pour espionner des opposants à Benjamin Netanyahou.
Le ministère de la Justice en Israël a promis le 19 janvier une enquête approfondie sur des allégations selon lesquelles le logiciel Pegasus a été utilisé pour espionner des citoyens israéliens, y compris des personnes ayant mené les protestations contre l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahou.
Cette promesse intervient sur fond de polémique alors que le quotidien Calcalist a révélé, sans nommer ses sources, que la police possédait le logiciel espion Pegasus et l'a utilisé entre autres contre des opposants à Benjamin Netanyahou alors qu'il était Premier ministre.
Il n'y a pas eu d'écoutes téléphoniques ou de piratage de la part de la police sans l'accord préalable d'un juge
Propriétaire de Pegasus, le groupe israélien de cybersécurité NSO s'est retrouvé exposé en 2021 après des enquêtes publiées par un consortium de 17 médias internationaux affirmant que son logiciel avait permis d'espionner les numéros de journalistes, d'hommes politiques parmi lesquels des chefs d'Etat, des militants et des chefs d'entreprises dans différents pays.
La société fait notamment l'objet de poursuites judiciaires d'Apple qui affirme qu'elle a violé les lois américaines en s'introduisant dans le logiciel installé sur iPhone. D'autres grandes entreprises digitales ont attaqué la société. NSO est désormais interdite aux Etats-Unis et figure sur la liste noire du gouvernement américain.
La police israélienne a fermement démenti ces dernières accusations mais le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Omer Bar-lev, a réagi de manière plus nuancée : «Il n'y a pas eu d'écoutes téléphoniques ou de piratage de la part de la police sans l'accord préalable d'un juge».
Après les informations de Calcalist, le ministère de la Justice a annoncé dans un communiqué l'ouverture d'une enquête. L'Autorité de la protection de la vie privée, un département du ministère, a affirmé que la possibilité d'une utilisation de Pegasus «pour surveiller les citoyens israéliens constituerait une violation sérieuse de la vie privée», selon le texte.
Le contrôleur de l'Etat, Matanyahu Englman, a affirmé son intention d’étendre son enquête à l'utilisation par les forces de l'ordre de la technologie de surveillance aux dernières accusations. Le ministre de la Justice Gideon Saar, a apporté son soutien aux différentes enquêtes. «Il y a une énorme différence entre les allégations de Calcalist et les communiqués de la police», a-t-il dit devant la commission des lois du Parlement.
Le groupe NSO n'a ni démenti ni confirmé la vente de Pegasus à la police israélienne, soulignant qu'il n'était «en aucun cas impliqué dans le fonctionnement du système une fois vendu à des clients gouvernementaux».
«NSO vend ses produits sous licence et selon la règlementation, à des agences du renseignement et à des services de police pour éviter des actes terroristes et des crimes, en vertu des ordres de justice et des lois en vigueur dans leurs pays», a indiqué le groupe dans un communiqué envoyé à l'AFP. Le logiciel Pegasus ne peut être vendu qu'à des Etats et ces ventes doivent obtenir le feu vert d'une commission spéciale du ministère israélien de la Défense responsable de l'approbation des ventes d'armes.
Une fois installé dans un téléphone mobile, Pegasus permet d'accéder aux messageries et données de l'utilisateur, mais aussi d'activer l'appareil à distance à des fins de captation de son ou d'image.