Jeudi 23 décembre
Notre journaliste à Moscou Antoine Cléraux fait le point sur la conférence de presse de près de quatre heures que le président russe a tenue.
Fin de la conférence de presse annuelle du président russe Vladimir Poutine.
La dernière question de cette conférence de presse concerne le respect des gestes barrières contre le Covid-19 et les loisirs de Vladimir Poutine. «Le travail avec mes proches et mes collègues me manque», confie le président russe, qui a expliqué respecter une distance de 3 mètres avec ses collaborateurs.
«Je n'arrive pas à suivre les blogueurs [...] Je n'ai presque pas de loisirs, je pratique le sport car c'est mon devoir en tant que président de me maintenir en forme», conclut Vladimir Poutine.
«Il faut aider le peuple afghan, et ce sont les pays qui ont causé d'énormes dégâts à l'économie et à la société afghane qui doivent les aider en premier lieu [...] Il faut avant tout débloquer les avoirs des Afghans dans les banques étrangères, dans les banques américaines», estime le président russe.
Une question concerne la liberté de création des artistes. «Parce qu’il ne fait pas de doute que sans la liberté, on ne peut pas avancer, et un avenir triste nous attend, sombre et sans perspectives. Mais il faut comprendre que cette liberté entre en quelque sorte en contradiction avec les objectifs pour lesquels nous l’encourageons, au moment où elle fait face à la liberté d’une autre personne», estime Vladimir Poutine. Et de poursuivre : «Des insultes contre le prophète Mahomet, c’est quoi ? C’est la liberté de création ? Je pense que non. C’est une atteinte à la liberté de croyance et aux sentiments religieux des musulmans. Et cela provoque d’autres manifestations, encore plus aigües et extrémistes. Par exemple, à Paris, ils ont débarqué chez Charlie Hebdo et ils ont mitraillé toute la rédaction. Pourquoi donc permettre que de telles choses se produisent ?»
«La Russie est un Etat multinational et multiconfessionnel, et nous avons l'habitude de respecter les traditions des peuples de notre pays. Dans d'autres pays, on trouve parfois une déficience d'une telle culture de communication», précise le président russe.
«Que peut-on faire pour être optimiste quant à l'année à venir ?» est l'une des dernières questions posée au président russe lors de cette conférence de presse. «Les projets sont grandioses et les montants sont énormes» pour améliorer le quotidien des citoyens de la Fédération de Russie, répond Vladimir Poutine.
«Nous avons toujours été contre la politisation du sport», déclare Vladimir Poutine au sujet du boycott des JO d'hiver de Pékin par certains pays.
Vladimir Poutine est questionné par un journaliste de RT sur la «cancel culture». Celui-ci demande au président russe si ces valeurs allaient «arriver en Russie». «C'est inévitable que cela arrive chez nous. Vu le développement des communications modernes... C'est comme la pandémie de coronavirus, les nouvelles souches ne cessent pas d'apparaître on n'y peut rien. Il faut chercher des remèdes efficaces», répond le chef d'Etat russe, ajoutant : «Si quelqu'un croit qu'une femme et un homme c'est la même chose... [...] Moi je suis pour l'approche traditionnelle : un homme c'est un homme, une femme c'est une femme. Maman, c'est maman. Le père, c'est le père. [...] J'espère que notre société a sa protection interne, morale, dictée par les confessions traditionnelles de la Fédération de Russie.»
Vladimir Poutine a remercié «Ded Moroz», Grand-père Gel, le père Noël russe, de l'avoir aidé à devenir président. «Mes relations avec Grand-père Gel ont toujours été bonnes. Je lui suis reconnaissant du fait de pouvoir vous parler en ma qualité [de président], mais je suis plus reconnaissant encore au peuple russe qui m'a fait confiance pour cette fonction», a-t-il dit, interrogé sur ses relations avec cette figure.
Vladimir Poutine s'exprime sur les rapports entre la Russie et le Kazakhstan, évoquant une relation «unique». Il souligne également le caractère russophone de ce pays.
Vladimir Poutine au sujet de la démographie : «Il y a un processus très grave, très profond, dans tous les pays industrialisés. [...] Il y a un changement de priorité dans la vie des gens.» «Il ne faut pas imposer quelque chose mais au contraire montrer tous les aspects positifs d'une belle famille, du bonheur que c'est que d'avoir des enfants.», poursuit-il, estimant qu'il faut «convaincre les gens» qu'il n'y «pas de plus grand bonheur».
Vladimir Poutine répond à des questions sur la problématique des transports, de la réhabilitation des logements vétustes ou encore de la fourniture de prothèses pour les handicapés.
«Nous voulons créer des relations de bon voisinage avec l'Ukraine, mais [...] à l'heure actuelle c'est quasi-impossible», affirme le président russe.
«Ce sont les habitants du Donbass qui doivent décider de l'avenir [de ce territoire]», a déclaré le chef d'Etat russe, en rappelant que la Russie a un rôle de médiateur inscrit dans les accords de Minsk.
«Les tortures et les attitudes indignes envers les détenus ne sont pas un problème spécifiquement russe, [ça] se passe en Europe aussi, en France, aux Etats-Unis», affirme Vladimir Poutine.
A propos de l'entreprise gazière russe Gazprom, Vladimir Poutine s'exprime en ces termes : «Les Occidentaux n'arrêtent pas de mentir, de semer le trouble [...]. Gazprom a même augmenté les volumes de livraisons pour l'Europe [...]. C'est la seule entreprise qui se comporte de la sorte sur les marchés internationaux.»
«On nous a promis de ne pas étendre l'OTAN, et il y a eu cinq vagues d'extension !», regrette Vladimir Poutine. «En 1991, nous nous sommes divisés nous-même mais [...] la Russie est toujours trop grande pour nos partenaires», poursuit-il. «Dans les années 90, nous avons tout fait pour bien nous entendre avec les Etats-Unis [...] on aurait pu traiter la Russie comme un allié potentiel, mais c'est l'inverse qui s'est produit», explique-t-il.
«La Russie dans son ensemble voit une réaction positive à ses propositions sur les garanties de sécurité jusqu'à présent», a déclaré Vladimir Poutine, alors que la Russie a récemment remis aux Etats-Unis une liste de propositions «pour la sécurité de la Russie», dans le contexte notamment de tensions autour de l'Ukraine.
«Ce n'est pas nous qui installons des missiles à la frontières des Etats-Unis, c'est le contraire [...] Exiger de ne pas installer des systèmes de frappes à notre frontière, est-ce excessif ?», interroge le président russe.
Au sujet de l'anonymat sur internet, Vladimir Poutine estime qu'il faut «protéger la société contre [ses] impacts négatifs» tout en protégeant la liberté d'expression et la liberté d'information.
«C'est un partenariat absolument total et stratégique, qui n'a dans l'histoire jamais eu de précédent – en tout cas entre la Chine et la Russie [...] et c'est un facteur stabilisant sur le plan international», s'est félicité le président russe.
«Il ne doit y avoir aucun mouvement de l'OTAN en direction de l'est, la balle est dans leur camp maintenant», affirme Vladimir Poutine.
«Les accords de Minsk sont les seuls accords valables, or [les autorités ukrainiennes] ne veulent pas les respecter. [...] Les russophones sont opprimés sur le territoire ukrainien», affirme le président russe.
Au sujet de l'Ukraine, Vladimir Poutine s'exprime en ces termes : «Une partie des territoires historiques de la Russie s'est retrouvée en dehors de la Fédération de Russie, et une partie de la population avec elle [...] En 2014, il y a eu un coup d'Etat sanglant [...] Pourquoi avoir fait ça ? Le président Ianoukovitch avait cédé sur tout ! [...] Comment pouvions-nous dire non aux habitants de Sébastopol et de la Crimée qui nous demandaient notre protection ?»
«La loi sur les agents étrangers n'a pas été inventée par nous», déclare le chef de l'Etat russe, en prenant l'exemple des Etats-Unis dans les années 1930.
Concernant le cas de l'opposant russe Alexeï Navalny, Vladimir Poutine affirme que la France et le Royaume-Uni ont refusé une enquête conjointe sur un supposé empoisonnement. «On ne nous a fourni aucun document confirmant son empoisonnement [...] la Russie a envoyé de nombreuses demandes à d'autres pays au sujet [de Navalny], mais n'a reçu aucune réponse», déclare-t-il. «Il ne faut pas faire de crime et se cacher derrière une activité politique», a par ailleurs déclaré le président russe, Alexeï Navalny ayant été condamné dans une affaire de détournement de fonds.
«La Russie ne peut être vaincue, on ne peut que la détruire de l'intérieur, ce qui a été bien réussi lors de la Première Guerre mondiale et lors des années 90», estime Vladimir Poutine.
«Il faut lutter contre les violations de la loi, [telles que] les certificats de vaccination frauduleux [et] il faut sensibiliser les gens, leur expliquer», déclare Vladimir Poutine, toujours au sujet de la pandémie de Covid-19.
S'exprimant au sujet des vagues de Covid, Vladimir Poutine estime qu'il faut que les vaccins soient «disponibles dans le monde entier et en quantité maximale». Il estime que le taux de mortalité dû au virus est élevé en Russie car «le niveau d'immunité collective est très bas». «Le peuple trouvera le moyen de contourner une obligation vaccinale, il faut expliquer avec de la patience la nécessité de certaines mesures telles que la vaccination», poursuit-il.
«Je ne pratique pas l'ingérence dans les affaires de la banque centrale [...] l'augmentation des taux directeurs peut être une menace, un frein à la croissance», prévient Vladimir Poutine.
«Nous avons relevé le niveau du salaire minimum officiel et du revenu minimum officiel [...] il s'agit d'un budget à orientation sociale», déclare Vladimir Poutine.
Vladimir Poutine annonce que 59,4% de la population russe a pu «développer [son] immunité», soit par une double vaccination, soit en ayant eu le Covid-19. 70 millions de personnes ont reçu au moins une dose de vaccin anti-Covid-19 en Russie.
Le chef d'Etat espère que la Russie atteindra l'immunité collective contre le Covid-19 au cours de l'année 2022.
Le président russe donne d'autres chiffres concernant l'économie russe en 2021 : les investissement ont augmenté de 7,6%, le salaire moyen moyen mensuel a augmenté en 2021, l'inflation atteint 8% et le chômage est de 4,3% – soit un taux inférieur à ce qu'il était avant le début de la pandémie (4,4%).
«Nous étions plus mobilisés et mieux mobilisés que beaucoup d'autres grandes économies le monde [...] Nous n'avons connu une récession de seulement 3% [et] nous avons pu reprendre un rythme normal beaucoup plus rapidement que d'autres pays [...] avec une augmentation du PIB de 4,6% cette année», déclare Vladimir Poutine au sujet de la crise liée à la pandémie de Covid-19.
Le directeur de l'agence de presse russe Interfax interroge Vladimir Poutine sur son évaluation du rôle du gouvernement et de la banque centrale russe pendant la pandémie, ainsi que sur l'impact de celle-ci sur l'économie de la Russie.
Vladimir Poutine donne directement la parole aux journalistes. Le premier à s'exprimer est le directeur de l'agence de presse russe Interfax.
La conférence de presse annuelle du président russe débute.
Comme à chaque fin d'année, le dirigeant russe Vladimir Poutine tient une conférence de presse de plusieurs heures – cette fois, elle a lieu le 23 décembre. Parmi les sujets attendus : les tensions diplomatiques autour de l'Ukraine, les relations entre la Russie et l'Occident, la crise sanitaire, l'inflation et la flambée du prix du gaz.