L'anonymat sur internet dans le viseur des autorités australiennes
Le gouvernement australien va présenter une nouvelle loi obligeant les réseaux sociaux à communiquer l'identité des utilisateurs anonymes qui publient des commentaires jugés offensants, sous peine d'amende s'ils ne s'y plient pas.
Au cours d'une conférence de presse le 28 novembre, le Premier ministre australien Scott Morrison a brièvement présenté un projet de loi visant à contraindre les réseaux sociaux à révéler l'identité des utilisateurs qui publient des commentaires jugés offensants.
«Le monde en ligne ne devrait pas être un ouest sauvage où les bots, les intolérants, les trolls et autres se promènent anonymement et peuvent nuire aux gens», a déclaré le chef du gouvernement australien.
La liberté d'expression n'est pas le fait d'être autorisé à se cacher lâchement dans son sous-sol et à lancer des injures
«Si une plateforme refuse de supprimer un contenu offensant, un tribunal peut lui ordonner de révéler l'identité du commentateur anonyme. Si l'entreprise refuse à nouveau ou n'est pas en mesure d'identifier le troll, elle sera tenue pour responsable et devra payer les amendes qui en découlent», a-t-il poursuivi.
Le Premier ministre australien donne sa définition de la liberté d'expression
A en croire le Premier ministre australien, une telle mesure n'enfreindrait en rien la liberté d'expression : «La liberté d'expression n'est pas le fait d'être autorisé à se cacher lâchement dans son sous-sol et à lancer des injures, à harceler les gens anonymement et à chercher à détruire leur vie. Dans une société libre comme l'Australie, où nous apprécions notre liberté d'expression, elle n'est libre que lorsque [la liberté d'expression] est équilibrée avec la responsabilité de ce que vous dites.»
Scott Morrison n'est pas entré dans le détail du projet – et n'a pas précisé s'il ferait l'objet d'un débat public – expliquant simplement que la loi comprendrait des mécanismes via lesquels n'importe qui pourra déposer plainte et exiger le retrait d'une publication s'il estime être diffamé, intimidé ou harcelé. Le chef du gouvernement australien avait déjà fait allusion à une telle limitation de l'anonymat en ligne lors d'un sommet du G20 en octobre, lorsqu'il avait déclaré que «les règles qui s'appliquent dans le monde réel devraient s'appliquer dans le monde numérique».
Selon le procureur général australien Michaelia Cash, ces nouvelles mesures sont également censées apporter plus de «clarté» à la décision de la Haute Cour australienne prise en septembre, selon laquelle les médias sont responsables des commentaires d'utilisateurs qui apparaissent sur leurs articles publiés sur Facebook, et sont donc passibles de poursuites en vertu de la sévère législation australienne en matière de diffamation. Cette décision avait contraint plusieurs médias, dont CNN, à fermer leurs pages Facebook aux utilisateurs australiens en raison du risque encouru.