Crise migratoire à la frontière biélorusso-polonaise : l'ONU déplore une «situation intolérable»
La situation reste tendue à la frontière biélorusso-polonaise, où sont regroupés des centaines de migrants. Minsk déplore le déploiement «préoccupant» de troupes polonaises, tandis que Varsovie accuse la Biélorussie de «terrorisme d'Etat».
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La compagnie aérienne biélorusse Belavia a assuré le 12 novembre que les autorités turques avaient interdit aux ressortissants de Syrie, d'Irak et du Yémen de prendre place à bord de vols à destination de la Biélorussie, pays accusé au sein de l'UE d'acheminer des migrants vers l'Europe.
L'ambassadeur russe adjoint auprès de l'ONU, Dmitry Polyanskiy, a affirmé le 11 novembre que son pays ainsi que la Biélorussie n'aidaient pas des migrants à affluer vers la frontière polonaise.
«Nous avons des obligations dans le cadre de l'unité entre la Russie et la Biélorussie [...] S'il y a une concentration de ressources militaires à la frontière avec la Biélorussie, nous devons réagir. Ce sont juste des vols de reconnaissance, rien de plus, c'est une activité normale», assuré le haut diplomate avant une réunion d'urgence à huis clos du Conseil de sécurité convoquée à la demande de l'Estonie.
Interrogé sur des mouvements d'avions de chasse constatés dans le ciel biélorusse, Dmitry Polyanskiy a expliqué qu'il s'agissait d'une «réponse au déploiement massif» de gardes polonais armés à la frontière polono-biélorusse.
Les membres européens et américain du Conseil de sécurité de l'ONU ont condamné dans une déclaration conjointe une «instrumentalisation orchestrée d'être humains» par la Biélorussie à la frontière avec la Pologne afin de «déstabiliser la frontière extérieure de l'Union européenne».
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L'Ukraine a annoncé son intention de déployer des milliers de garde-frontières et de policiers à sa frontière avec la Biélorussie.
L'Ukraine, qui partage une frontière avec la Biélorussie au nord et avec la Pologne à l'ouest, cherche à éviter une situation équivalente à sa frontière, même si l'afflux principal est observé à plus de 200 km de cette ex-république soviétique.
Le ministre allemand des Affaires étrangères a jugé ce 11 novembre qu'il était «grand temps de tirer les conséquences» de la crise des migrants que la Biélorussie est accusée d'orchestrer aux frontières de l'Europe, en étendant les sanctions de l'UE contre Minsk.
«Nous sommes dans une situation où il est grand temps de tirer les conséquences maintenant. Nous voulons le faire avec nos partenaires européens», a expliqué Heiko Maas devant les députés du Bundestag allemand, ajoutant que «l'Union européenne va étendre et renforcer ses sanctions contre le régime de Loukachenko».
De son côté, le président biélorusse a prévenu que son pays répondrait à toute nouvelle sanction européenne.
Le chef de la diplomatie biélorusse a soutenu ce 11 novembre que l'Union européenne refusait de discuter de la crise en cours. Dans une interview à l'agence de presse Ria Novosti, Vladimir Makeï a affirmé que l'UE avait coupé en 2020 ses financements à Minsk pour renforcer ses infrastructures à la frontière et construire des lieux d'accueil pour migrants. Il a également expliqué que la crise migratoire actuelle était le résultat «de la politique irréfléchie» de Bruxelles qui, selon lui, a «invité les réfugiés et déclaré qu'elle était prête à les accueillir».
Ce 8 novembre, les autorités polonaises ont dénoncé un nouvel afflux de migrants se dirigeant vers leurs frontières depuis la Biélorussie. Le Premier ministre polonais a convoqué une réunion d'urgence, alors que le porte-parole de l'Agence de sécurité intérieure polonaise évoque «la plus grande tentative à ce jour d'entrer par la force sur le territoire polonais».
A l'international, les réactions fusent et la Lituanie voisine a notamment déployé des soldats en soutien à Varsovie. La Pologne, l'Union européenne et l'OTAN, accusent les autorités biélorusses d'«utiliser» les migrants pour créer une crise. La Biélorussie, de son côté, assure n'avoir «ni l'argent ni la force» de restreindre l'afflux de personnes en raison principalement des sanctions occidentales qui la frappent.