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Le président tunisien annonce la formation d'un nouveau gouvernement

Les services du président tunisien ont annoncé que le chef de l'Etat avait promulgué un décret nommant un nouveau gouvernement, alors que les manifestations se multiplient dans le pays contre Kaïs Saïed, qui s'est arrogé les pleins pouvoirs.

La Tunisie a de nouveau un gouvernement. Onze semaines après l'éviction du précédent cabinet par le président Kaïs Saïed, ses services ont annoncé le 11 octobre que le chef de l'Etat, qui s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet dernier suscitant nombre de critiques, avait promulgué un décret nommant un gouvernement.

«Le président de la République promulgue un décret nommant le chef du gouvernement et ses membres», a expliqué la présidence dans un communiqué de presse.

Une femme nommée Premier ministre

Le rôle de Premier ministre est confié à l'universitaire Najla Bouden. C'est la première fois dans l'histoire du pays qu'une femme occupe ce poste. Elle a été nommée le 29 septembre, soit un peu plus de deux mois après le départ de son prédécesseur Hichem Mechich, limogé par Kaïs Saïed.

Lors de la cérémonie de prestation de pouvoir, diffusée par la télévision publique, Najla Bouden a considéré que «la lutte contre la corruption ser[ait] le plus important objectif» de son gouvernement, qui compte 25 membres en plus du Premier ministre.

Toutefois, ce nouveau gouvernement devrait jouir de prérogatives réduites en raison du coup de force mené par le président tunisien depuis l'été. Il avait en effet décidé de limoger le gouvernement le 25 juillet et s'était arrogé les pleins pouvoirs en suspendant l'activité du Parlement. De plus, le 22 septembre, Kaïs Saïed avait promulgué un décret marquant la suspension de plusieurs chapitres de la Constitution et instaurant des «mesures exceptionnelles», provisoires selon lui, afin de mener un certain nombres de réformes politiques.

Il avait alors invoqué un «péril imminent» pour se justifier, alors que le pays traverse une crise socio-économique de grande ampleur, à laquelle vient s'ajouter la crise sanitaire causée par le Covid-19.

Les manifestations se multiplient contre le coup de force de Kaïs Saïed

Des prises de décision qui ont suscité une forte contestation de la part de nombreux opposants et ONG. Le 10 octobre, 6 000 personnes avaient défilé dans les rues de la capitale, Tunis, pour dénoncer ces mesures, considérées comme un «coup d'Etat».

Le 26 septembre déjà, des centaines de manifestants s'étaient réunis, toujours dans la capitale, redoutant «un retour à la dictature de Ben Ali» et reprenant certains mots d'ordre des manifestations de la révolution de jasmin de 2010. Certains demandaient le départ immédiat de Kaïs Saïed.

La veille, une vingtaine d'organisations de défense des droits de l'Homme avaient dénoncé dans un communiqué «l'accaparement du pouvoir» par le président, qui constitue, selon elle, une «dérive sans précédent».