Kaïs Saïed, le président de la Tunisie, a annoncé lors d'un bain de foule à Tunis, dans la nuit du 11 au 12 septembre, qu’un nouveau gouvernement serait nommé «dans les plus brefs délais» tout en évoquant une future réforme constitutionnelle. L’annonce a été faite aux chaînes de télévision Wataniya et Sky News Arabia. Aucune date précise n’a cependant été donnée, mais le président tunisien a indiqué être toujours à «la recherche des personnalités qui vont assumer cette responsabilité».
Au sujet de la réforme de la Constitution adoptée en 2014, il a simplement déclaré la respecter «mais que l’on peut introduire des amendements au texte». Selon lui, «le peuple tunisien a rejeté [l'actuel] Constitution». Il faut donc à ses yeux l'amender tout en gardant à l'esprit que «la souveraineté appartient au peuple».
Les opposants au président craignent une «dérive autoritaire»
De nombreux Tunisiens avaient accueilli favorablement les annonces de leur président en juillet dernier, bien que les opposants à Kaïs Saïed se disent inquiets d’une éventuelle «dérive autoritaire». La centrale syndicale UGTT a ainsi exigé que des élections législatives anticipées aient lieu afin que ce soit un nouveau Parlement qui prenne en charge la révision de la Constitution.
Le parti Ennahdha a quant à lui rejeté catégoriquement «toute suspension de l’application de la Constitution» ainsi qu’un potentiel «changement du système politique, possiblement via un référendum».
Kaïs Saïed avait évincé son Premier ministre et suspendu les activités du Parlement le 25 juillet dernier tout en assurant lui-même la continuité du pouvoir judiciaire. Il a renouvelé ces mesures le 24 août «jusqu’à nouvel ordre». Il s’était notamment appuyé sur l’article 80 de la Constitution tunisienne qui prévoit le cas de «péril imminent», permettant la prise de mesures d’exception telles que celles décidées par le président tunisien.