Plusieurs centaines de personnes ont battu le pavé, le 26 septembre à Tunis, afin de dénoncer ce qu'ils estiment être un «coup d'Etat» mené par le président Kaïs Saïed. Répondant à un appel publié sur les réseaux sociaux, les manifestants se sont rassemblés sur l’avenue Habib-Bourguiba, qui traverse le cœur de la capitale tunisienne.
Scandant des slogans tels que «La légitimité passe par le vote», ou «Constitution, liberté, dignité humaine», ces Tunisiens s'opposent aux mesures d'urgence décrétées par le président – prétextant redouter «un retour à la dictature de Ben Ali.» La manifestation était accompagnée d'un important dispositif de sécurité.
Réunis, devant le théâtre municipal, les manifestants ont crié : «Le coup d'Etat ne réussira pas.», et «dégage, dégage», reprenant ainsi le mot d'ordre des manifestations de la révolution de jasmin, en 2010. «Le peuple veut, le peuple veut... Le départ du régime de Kaïs Saïed !», répétait la foule en parodiant la devise du président, qui a justifié sa décision par «la volonté souveraine du peuple».
La veille, une vingtaine d'organisations de défense des droits de l'Homme ont fustigé dans un communiqué «l'accaparement du pouvoir» par le président, qu'elles ont qualifié de «dérive sans précédent».
Le 25 juillet, le président Saïed s'était arrogé les pleins pouvoirs en limogeant le gouvernement et en suspendant l'activité du Parlement. Si beaucoup de Tunisiens ont accueilli ces mesures avec soulagement, un bon nombre d'opposants, partis politiques, magistrats et avocats redoutent un retour de l'autoritarisme en Tunisie.
Sur son compte Facebook, le parti islamiste Ennahda a salué la manifestation.
Le 22 septembre, le président a fait publier au Journal officiel un texte contenant «des mesures exceptionnelles», se substituant à plusieurs chapitres de la Constitution. Ces dispositions entérinent le gel du Parlement, permettant de facto à Kaïs Saïed de légiférer par décret, de présider le Conseil des ministres et d'édicter des lois dans tous les domaines.
Pour justifier son coup de force, le président s’est appuyé sur l’article 80 de la Constitution prévoyant des mesures exceptionnelles en cas de «péril imminent» à la sécurité nationale.