La crise du Covid aurait exacerbé les troubles dépressifs majeurs de 50 millions de personnes
Selon une étude publiée par la revue scientifique The Lancet, plus de 50 millions de personnes auraient souffert de troubles dépressifs majeurs en raison de la pandémie et des restrictions prises en 2020, soit une augmentation de 27,6%.
Pas moins de 53,2 millions de personnes auraient subi des troubles dépressifs majeurs en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19 et des mesures prises pour y répondre, selon une étude publiée par la revue scientifique The Lancet le 8 octobre et menée par des chercheurs de l'Université du Queensland, en Australie. Cela représente une augmentation de 27,6% des cas, sans compter les 76,2 millions de cas de troubles anxieux, s'ajoutant au nombre de personnes souffrant de problèmes de santé mentale. L'étude s'appuie sur des données concernant 204 pays.
NEW—Cases of major depressive disorder and anxiety disorders increased by over a quarter in 2020 due to the #COVID19 pandemic, with women and younger people most affected.
— The Lancet (@TheLancet) October 8, 2021
First global estimates of the impacts of the pandemic on #MentalHealth: https://t.co/RB2EEwGDsYpic.twitter.com/a8VCu6Cnox
Si l'étude relève qu'avant 2020 déjà, «les troubles mentaux étaient les principales causes du fardeau mondial lié à la santé», la pandémie de Covid-19 et les restrictions sanitaires qui l'ont accompagnée ont amplement aggravé le phénomène. «L'émergence de la pandémie de Covid-19 a créé un environnement où de nombreux déterminants d'une mauvaise santé mentale sont exacerbés», ont noté les chercheurs.
L'équipe de recherche a pour cela analysé les taux d'infection quotidiens du Covid-19 en les conjuguant aux restrictions à la mobilité humaine et aux taux de surmortalité quotidiens. Il s'est avéré que les endroits les plus touchés sur la base des deux premiers critères correspondaient à ceux avec un pic de troubles dépressifs et anxieux, l'étude concluant que l'augmentation des infections et la diminution de la mobilité étaient «significativement associées» à une détérioration de la santé mentale.
Toutefois, l'étude tend à démontrer que le «taux de surmortalité quotidienne n'a pas été associé au changement de prévalence pour soit un trouble dépressif majeur, soit des troubles anxieux». Il s'agirait plutôt d'«une colinéarité élevée entre les taux de surmortalité et les deux autres impacts du Covid-19» susmentionnés.
La gravité des troubles différente selon l'âge et le sexe
L'étude met également en lumière des disparités dans les troubles, selon l'âge et le sexe. Les femmes seraient ainsi plus affectées, ainsi que les plus jeunes, en raison du confinement et de l'absence d'interaction qui en découle. Les femmes auraient souffert d'une surcharge des tâches ménagères mais auraient surtout été plus exposées aux violences conjugales. Concernant les plus jeunes, l'étude précise qu'ils «sont plus susceptibles de se retrouver au chômage pendant et après les crises économiques que les personnes plus âgées».
Dans la partie interprétative de leur recherche, les universitaires plaident pour que les Etats aient une meilleure prise en charge des troubles mentaux liés à l'anxiété ou la dépression. Ils recommandent à ce titre des campagnes «de santé publique sur les impacts du Covid-19 sur la santé mentale, la façon dont les individus peuvent gérer au mieux leur santé mentale ainsi que les modalités pour être diagnostiqué et accéder aux services» compétents. Ne pas agir face à ce phénomène «ne devrait pas être une option», concluent les chercheurs.