Réduction de la mission russe pour «espionnage» : l'OTAN a-t-elle agi sans motif précis ?
Huit membres de la mission russe auprès de l'OTAN sont remerciés, un jour après que Jens Stoltenberg assurait vouloir «maintenir le contact» avec Moscou. Une sanction qui n'est pourtant liée à aucun «événement particulier», de l'aveu de l'Alliance.
L'OTAN a annoncé le 6 octobre avoir retiré leur accréditation à huit membres de la mission permanente russe auprès de l'organisation militaire, portant ainsi à 10 le nombres de postes dont dispose Moscou. Si l'Alliance atlantique assimile – sans avancer de preuve –les diplomates sanctionnés à des «officiers du renseignement russe non déclarés», son secrétaire général Jens Stoltenberg explique ce 7 octobre que ce renvoi n'est lié à «aucun événement particulier».
«Cette décision n'est pas liée à un événement particulier, mais nous avons découvert qu'il s'agit d'agents du renseignement russe non déclarés, sous couverture, et nous avons constaté une augmentation des activités malveillantes de la Russie, au moins en Europe. Nous devions donc agir», a ainsi commenté le chef de l'OTAN, au cours d'un point presse.
Le même Jens Stoltenberg soulignait pourtant deux jours plus tôt l'importance de «maintenir le contact avec la Russie pour éviter le déclenchement d'une nouvelle guerre froide ou d'une course aux armements». Il constatait alors que les relations entre l'OTAN et la Russie étaient en ce moment «à leur plus bas niveau depuis la guerre froide».
Moscou n'a «aucune illusion au sujet d'une normalisation»
«Il y a une contradiction évidente entre les déclarations de représentants de l'OTAN exprimant le désir de normaliser les relations avec notre pays et leurs actions», a pour sa part commenté le 6 octobre le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en réaction au retrait des accréditations.
«Ces actions ne nous permettent d'entretenir aucune illusion au sujet d'une normalisation des relations», a-t-il ajouté.
«Cette mesure de l’OTAN nous a étonnés, mais elle n’était pas inattendue. Nous avons surtout été étonnés par son arrogance, parce qu’on ne nous a rien expliqué au niveau officiel, aucune raison n’a été donnée», a de son côté commenté la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.
«L’impréparation de l’OTAN et des pays membres à la coopération apparaît là de manière définitive et irréfutable. Nous allons partir de cette base pour élaborer une réponse, et il y en aura une», a-t-elle ajouté.
La réduction de la mission d'observateurs russes à l'OTAN, dont l'objectif est d'assurer une coopération ciblée sur certains dossiers, sera effective à la fin du mois d'octobre.
Fondée en 1949, en pleine guerre froide, pour contrer l'Union soviétique et le pacte de Varsovie (conclu en 1955 et dissout en 1991), l'OTAN se dit néanmoins prête à un «dialogue constructif» avec Moscou.