Durban: Paris boycotte la conférence de suivi à cause de l'«historique des déclarations antisémites»
Après 2009 et 2011, Paris va de nouveau boycotter la conférence de suivi de la Conférence de l'ONU contre le racisme. Conséquence d'accusations de déclarations antisémites formulées par le passé, la France ne participera pas à la mouture 2021.
La France ne participera pas à la conférence de suivi de la Conférence de l'ONU contre le racisme, dite «Conférence de Durban», prévue en septembre, en raison des déclarations antisémites auxquelles elle est accusée d'avoir donné lieu, a annoncé l'Elysée ce 13 août.
Plusieurs pays – dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, Israël, le Canada et plusieurs pays européens – ont déjà décidé de boycotter cette réunion, organisée par l'ONU le 22 septembre pour le 20e anniversaire de la conférence mondiale contre le racisme tenue en 2001 à Durban (Afrique du Sud).
La France continuera de lutter contre toutes les formes de racisme
«Préoccupé par l'historique des déclarations antisémites prononcées dans le cadre de la conférence des Nations unies sur le racisme, dite conférence de Durban, le Président de la République a décidé que la France ne participerait pas à la conférence de suivi qui aura lieu cette année», indique l'Elysée.
«Attachée à l'universalisme des droits de l'Homme, la France continuera de lutter contre toutes les formes de racisme et veillera à ce que la conférence de suivi de Durban se tienne dans le respect des principes fondateurs des Nations unies», ajoute la présidence française. De nombreux pays occidentaux, dont la France, avaient déjà boycotté la conférence de suivi de Durban en 2009, ainsi que celle de 2011, afin de protester contre des déclarations antisémites qui y avaient été prononcées, et notamment l'avancée d'une motion – finalement rejetée – assimilant le sionisme au racisme.
Selon Macron, l'antisémitisme peut «emprunter les masques nouveaux de la haine islamiste de l'antisionisme»
La veille de l'annonce présidentielle française, le philosophe Bernard-Henri Lévy avait appelé au boycott, dénonçant une «grande infamie».
Les trois raisons de boycotter la nouvelle conférence de #Durban. Antisémitisme, bien sûr. Mais aussi cette façon de dire aux peuples martyrs et oubliés: « couchés, les damnés de la terre si vous n’êtes pas #Palestiniens » https://t.co/DueeYd4Ypq#BlocNotesBHL via @LePoint
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) August 13, 2021
La première conférence de Durban, qui s'est tenue du 31 août au 8 septembre 2001, quelques jours avant les attaques terroristes du 11 septembre, avait été marquée par de profondes divisions sur les questions de l'antisémitisme, du colonialisme et de l'esclavagisme. Les Etats-Unis et Israël avaient quitté la conférence afin de protester contre le ton de la réunion. Selon la directrice de l'American Jewish Committee pour l'Europe Simone Rodan-Benzaquen, la conférence de Durban de 2001 avait «constitué un terrible revers pour la lutte universaliste contre le racisme, pervertissant et instrumentalisant cette cause contre le sionisme, Israël et les Juifs».
«La conférence est devenue l'occasion d'attaquer Israël et d'invoquer l'allégation infâme selon laquelle le sionisme est une forme de racisme», estimait-elle en juillet dans les colonnes du Figaro, citant le chef de la délégation américaine à Durban d'alors, Tom Lantos, «qui a vécu les horreurs de la Shoah» et expliquait avoir été témoin cette année-là de «la haine des Juifs la plus écœurante que j'ai vue depuis la période nazie». Un forum réunissant 6 000 ONG avait à l'époque adopté une déclaration contenant des passages qualifiant Israël d’«Etat raciste» et l’accusant d’«actes de génocide», affirmant l’existence d’un «apartheid» dont seraient victimes les Palestiniens.
En 2020, Emmanuel Macron avait de nouveau vilipendé «l'insupportable regain de l'antisémitisme dans notre Europe», ce «mal souterrain» qui peut «porter son visage de toujours» ou «emprunter les masques nouveaux de la haine islamiste de l'antisionisme».