«Cela reste à voir» : Joe Biden freine l'ardeur de l'Ukraine à vouloir intégrer l'OTAN
Le président américain a expliqué que l'Ukraine ne remplissait pas encore un certain nombre de critères, notamment sur la lutte contre la corruption, pour pouvoir intégrer le processus d'adhésion à l'OTAN.
Volodymyr Zelensky est peut-être allé trop vite en besogne. Après que le président de l'Ukraine a annoncé que le processus d'intégration de son pays à l'OTAN allait être lancé, son homologue américain Joe Biden a refroidi cet enthousiasme en déclarant le 14 juin que «cela reste à voir».
«Les dirigeants de l'OTAN ont confirmé que [l'Ukraine] deviendrait membre de l'Alliance et que le MAP fait partie intégrante du processus d'adhésion», a tweeté Volodymyr Zelensky, tandis que les dirigeants du bloc militaire se réunissaient à Bruxelles. L'Ukraine «mérite d'être dûment appréciée pour son rôle dans la garantie de la sécurité euro-atlantique», a-t-il ajouté.
Commend @NATO partners' understanding of all the risks and challenges we face. NATO leaders confirmed that 🇺🇦 will become a member of the Alliance & the #MAP is an integral part of the membership process. 🇺🇦 deserves due appreciation of its role in ensuring Euro-Atlantic security
— Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) June 14, 2021
Le Membership action plan (MAP) est un programme d'intégration progressive à l'OTAN créé en 1999, dans la foulée de l'adhésion de la République tchèque, de la Hongrie et de la Pologne, pour favoriser l'expansion vers l'Est de l'alliance dirigée par les Etats-Unis.
Joe Biden a répondu quelques minutes après le tweet de Volodymyr Zelensky en expliquant en conférence de presse que le statut de l'Ukraine «dépend de si elle satisfait ou non aux critères». «Le fait est que l'Ukraine doit répondre aux critères pour rejoindre le MAP», a-t-il insisté, ajoutant que «cela reste à voir» et qu'«ils ont plus à faire», notamment en matière de lutte contre la corruption.
«En attendant, nous ferons tout notre possible pour que l'Ukraine soit en mesure de continuer à résister à l'agression physique de la Russie. Cela ne dépendra pas uniquement de moi [...], cela dépendra de l'Alliance dans son ensemble. Il va falloir que les Ukrainiens convainquent et ce n'est pas une chose aisée», a ajouté le président américain.
Cet échange à distance fait suite à un entretien accordé le 14 juin à des agences de presse par Volodymyr Zelensky, au cours duquel le président ukrainien a déjà insisté sur la volonté de son pays d'adhérer à l'OTAN, malgré les réticences de l'Alliance qui d'une part, craint qu'une telle adhésion n'attise les tensions avec Moscou, et d'autre part exige aussi que Kiev réforme davantage son armée.
Cela fait sept ans que nous sommes en guerre
«Nous montrons chaque jour que nous sommes prêts à être dans l'alliance, et ce davantage que la plupart des pays de l'Union européenne, car cela fait sept ans que nous sommes en guerre», a soutenu Volodymyr Zelensky. Selon lui, si l'OTAN n'accepte pas prochainement la candidature de Kiev, le soutien des Ukrainiens pourrait faiblir. «Quand tu te frappes la tête contre le mur pendant sept ans en disant "vous voyez bien que c'est la guerre, soutenez-nous" et que la réponse est seulement "nous soutenons votre volonté", alors d'ici quelques années, cette volonté peut fléchir», a mis en garde le dirigeant ukrainien.
Amer, Volodymyr Zelensky a regretté une «fatigue» des Occidentaux concernant les problèmes ukrainiens, les accusant d'être «injustes» envers son pays, qu'il s'agisse de son ambition de rejoindre l'Union européenne, de la distribution des vaccins contre le Covid-19 ou de l'aide financière du Fonds monétaire international (FMI).
«Nous sommes solidaires de nos précieux partenaires, l'Ukraine et la Géorgie. Et nous continuerons à soutenir leurs réformes, en les rapprochant de l'OTAN», a de son côté déclaré le secrétaire général de l'alliance Jens Stoltenberg, soulignant que l'OTAN «intensifiera considérablement la formation et le renforcement des capacités de ses partenaires, de l'Ukraine et de la Géorgie à l'Irak et à la Jordanie».