L'UE interdit son espace aérien aux compagnies biélorusses
L'Union européenne a décidé d'interdire son espace aérien aux compagnies de Biélorussie après le déroutage du vol de Ryanair. Une décision contestée par les compagnies aériennes qui regrettent une politisation de la sécurité aérienne.
L'Union européenne a pris la décision le 4 juin d'interdire son espace aérien aux compagnies de la Biélorussie, franchissant une nouvelle étape dans les sanctions économiques contre le président biélorusse Alexandre Loukachenko, selon plusieurs sources diplomatiques à Bruxelles. La compagnie nationale biélorusse Belavia est la première concernée par ces nouvelles mesures.
Cette sanction, réclamée depuis la fin du mois de mai par les dirigeants des pays membres de l'Union européenne, a été formalisée juridiquement ce 4 juin pour entrer en vigueur le samedi 5 juin. C'est l'Agence européenne de sécurité aérienne qui appliquera ces mesures.
Le déroutage d'un avion de la compagnie Ryanair sur Minsk alors que le vol reliait Athènes à Vilnius est à l'origine de ces mesures. Un journaliste d'opposition et sa compagne avaient été arrêtés à l'aéroport de Minsk : Roman Protassevitch et Sofia Sapega.
Les compagnies aériennes se désolidarisent de l'Union européenne
En conséquence de quoi, les compagnies européennes ont reçu consigne de ne plus survoler l'espace aérien de la Biélorussie. Celles-ci ont réagi en se désolidarisant de l'action européenne. Pour l'Association du transport aérien international (IATA), qui rassemble 290 compagnies représentant 82% du trafic mondial, une telle mesure excluant l'espace aérien d'un pays tiers revient à «politiser la sécurité aérienne», et représente un «développement rétrograde et décevant». «On ne répond pas à une mauvaise décision par une autre», a résumé le directeur général de l'IATA Willie Walsh.
L'Agence européenne de sécurité aérienne campe cependant sur ses positions en affirmant qu'elle a pour but de «réduire le risque potentiel pour les passagers et les équipages qui pourrait résulter des opérations dans [l']espace aérien» de la Biélorussie.
Les dirigeants européens souhaitent néanmoins aller plus loin, en exigeant des sanctions individuelles contre les responsables du déroutement du vol au moyen de deux séries de sanctions en attente d'approbation.
En raison de ce déroutage du vol de Ryanair, l'Union européenne a toutefois déjà sanctionné de façon individuelles 88 personnalités biélorusses dont le président Loukachenko et un de ses fils.
Plusieurs sanctions économiques sectorielles sont par ailleurs sur la table. Les exportations de potasse et le transit du gaz russe sont deux pistes, avait expliqué la semaine dernière à l'AFP le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Ces possibilités seront exposées aux ministres des Affaires étrangères des pays membres le 21 juin au Luxembourg. L'unanimité est requise pour l'adoption de sanctions européennes.
La Biélorussie a elle annoncé le 3 juin des mesures de riposte seulement contre Washington pour l'instant prévoyant notamment la réduction du personnel diplomatique américain sur son sol, après l'entrée en vigueur de nouvelles sanctions américaines visant Minsk.