Afflux de migrants en Espagne : «Le Maroc est en train de faire du chantage»
Evoquant la vague migratoire sans précédent qui s'abat sur l'enclave espagnole de Ceuta depuis le 17 mai, l'avocate Hanan Hmad a estimé sur RT France que le Maroc avait ouvert les vannes pour faire pression sur Madrid et l'UE.
Interrogée le 18 mai par RT France sur les milliers de migrants venus du Maroc et arrivés dans l'enclave espagnole de Ceuta, l'avocate spécialisée en matière de droits des migrants Hanan Hmad a estimé que le Maroc avait volontairement ouvert ses frontières pour mettre la pression sur l'Espagne et l'Union européenne.
«Clairement, les autorités marocaines ont laissé faire puisqu'il y a eu certaines personnes et certains migrants qui ont été entendus et qui ont indiqué avoir vu des messages sur les réseaux sociaux, des messages sur Facebook notamment indiquant qu'ils pouvaient passer la frontière», explique ainsi l'avocate, selon qui les autorités marocaines ne pouvaient pas l'ignorer, «puisque les messages étaient publics à un tel point qu'il y a eu des milliers de passages en quelques heures».
Soit vous maintenez les liens diplomatiques soit on va laisser faire au niveau des passages
Répondant à une question sur un éventuel lien entre cet afflux migratoire sans précédent et «l'exaspération» signifiée par Rabat à Madrid après l'hospitalisation du chef du Front Polisario fin avril en Espagne, Hanan Hmad estime qu'il «semblerait qu'il s'agisse d'un règlement de compte».
«Le Maroc sait que l'Union européenne a comme priorité, notamment ces dernières années, de pouvoir réguler l'immigration illégale donc ils sont en train d'utiliser le moyen le plus dangereux pour l'Union européenne, à savoir, soit vous maintenez les liens diplomatiques soit on va laisser faire au niveau des passages. C'est ce qui a été fait pendant quelques heures. Vous imaginez si durant quelques heures il y a eu plus de 8 000 passages, ce qui peut être fait sur le long terme si le Maroc décidait de ne plus coopérer», souligne-t-elle.
Hanan Hmad rappelle que Ceuta et Melilla sont les deux seuls points d'entrée à l'Union européenne situés sur le continent africain, un état de fait que Rabat entendrait donc mettre à son avantage : «Le Maroc est en train de faire du chantage pour montrer que sans une coopération et sans un maintien des liens diplomatiques [...], le Maroc peut faire mal en matière d'immigration.»
Selon les derniers chiffres publiés par le ministère espagnol de l'Intérieur, près de 8 000 migrants sont arrivés depuis le 17 mai dans l'enclave espagnole de Ceuta dont 4 000 ont déjà été renvoyés au Maroc. Un peu plus tôt dans la journée, le ministre de l'Intérieur espagnol Fernando Grande-Marlaska avait défendu ces renvois en affirmant qu'ils étaient «conformes à la loi et aux traités internationaux et aux accords avec le Maroc».