Procès George Floyd : l'avocat de Derek Chauvin met en cause le jury et demande un nouveau procès
L'avocat du policier reconnu coupable du meurtre de George Floyd a mis en cause l'impartialité des jurés ayant rendu ce verdict. Il estime qu'ils ont été soumis à des influences extérieures et que leur décision traduit une crainte de représailles.
Le 4 mai, l'avocat de Derek Chauvin – le policier de Minneapolis reconnu coupable du meurtre de George Floyd – a déposé une motion demandant un nouveau procès, alléguant que l'affaire aurait dû être jugée dans un autre lieu en raison de son contexte particulier, et mettant en cause l'impartialité du jury, celui-ci ayant été selon lui soumis à des pressions extérieures.
Dans le document déposé au tribunal, Eric Nelson a affirmé que son client avait été privé d'un procès équitable en raison du refus par le juge Peter Cahill de changer le lieu du procès, et du fait que le jury n'ait pas été isolé, ce qui a pu l'influencer en le soumettant à une forme d'«intimidation ou à la crainte de représailles».
Je craignais que des gens viennent chez moi s'ils n'étaient pas contents du verdict
Concernant ce dernier point, le juge Cahill avait reconnu la veille de l'annonce du verdict que les commentaires faits publiquement par la députée démocrate de Californie Maxine Waters auraient pu conduire à «l'annulation de tout le procès». Celle-ci avait déclaré que les manifestants devraient devenir «plus agressifs» si le jury ne parvenait pas à rendre le «bon» verdict, à savoir déclarer Derek Chauvin coupable du meurtre de George Floyd. Une jurée suppléante dans cette affaire, Lisa Christensen, avait d'ailleurs déclaré qu'elle craignait «des émeutes et des destructions» si Derek Chauvin n'était pas condamné. «Je craignais que des gens viennent chez moi s'ils n'étaient pas contents du verdict», avait-elle confié à la chaîne de télévision locale KARE.
Par ailleurs, Brandon Mitchell – le premier juré à s'être exprimé publiquement et à avoir accordé des interviews aux médias au sujet du procès – a laissé entendre qu'il considérait le travail de juré comme une forme d'activisme communautaire. «Nous devons [...] entrer dans ces salles [de tribunaux] pour essayer de provoquer un changement», a-t-il déclaré il y a quelques jours lors d'une émission de radio. «Le devoir de juré est l'une de ces choses [...] que nous devons faire», avait-il poursuivi.
Brandon Mitchell, un homme noir de 31 ans, avait assuré au juge Cahill lors du processus de sélection du jury qu'il avait peu entendu parler de l'affaire George Floyd et que rien ne l'empêcherait de servir en tant que juré impartial. Il avait également déclaré ne pas avoir assisté à des manifestations contre la brutalité policière. Or, Brandon Mitchell a participé à une marche qui s'est tenue à Washington en août dernier, lors de laquelle des membres de la famille de George Floyd ont prononcé des discours. Une photo diffusée sur les réseaux sociaux le montre également portant un chapeau Black Lives Matter et un t-shirt sur lequel est écrit «Retirez vos genoux de nos cous», un message qui fait référence à l'interpellation de George Floyd par Derek Chauvin.
"Spark some change."
— JackManic - Fuck the CCP 五毛 共匪 (@JackManic1984) May 2, 2021
Judge: "Do you have prior knowledge of the case and the ability to be impartial"
Brandon Mitchell: Yes I can.(committing perjury!) pic.twitter.com/Q2lYdgKMnK
Le policier Derek Chauvin a été déclaré le 20 avril coupable du meurtre de George Floyd, à l'issue d'un procès concluant une retentissante affaire qui a profondément marqué l'Amérique en illustrant les divisions raciales dans le pays. Les 12 jurés qui délibéraient à Minneapolis ont déclaré le policier coupable des trois chefs d'accusation pour lesquels il comparaissait. Le juge Peter Cahill prononcera la sentence dans quelques semaines. Derek Chauvin encourt 12 ans et demi de prison mais sa peine pourrait être alourdie si le magistrat conclut à l'existence de circonstances aggravantes.
La mort du quadragénaire noir avait choqué l'opinion publique américaine et au-delà des frontières des Etats-Unis, déclenchant de gigantesques manifestations dont certaines ont été émaillées de violences.