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Ukraine, diplomates expulsés, Navalny : Emmanuel Macron s’entretient avec Vladimir Poutine

Les présidents français et russe se sont entretenus ce 26 avril. Plusieurs dossiers ont été abordés, parmi lesquels la situation en Ukraine, les récentes expulsions de diplomates européens et russes ainsi que l'affaire Navalny.

L'Elysée a annoncé ce 26 avril la tenue d'un entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine. Selon la présidence française, les deux chefs d'Etat ont abordé différents dossiers, dont l'affaire Navalny. Sur ce point, le président français a fait part à Vladimir Poutine de «sa grave préoccupation sur l'état de santé» de l'opposant russe et appelé au «respect de ses droits fondamentaux».

Alexeï Navalny purge actuellement une peine de deux ans et demi de prison ferme. La justice a révoqué en février dernier le sursis d'une condamnation remontant à 2014, pour détournements dans la filiale russe du groupe français Yves Rocher. L'opposant a été reconnu coupable de multiples violations des conditions du contrôle judiciaire exigé par cette peine avec sursis.

Il avait annoncé le 23 avril avoir mis fin à la grève de la faim qu'il observait depuis trois semaines afin de dénoncer un supposé manque d'accès aux soins médicaux, une accusation que démentent les autorités de la colonie pénitentiaire où il est incarcéré. Des médecins russes de la région où il est détenu avaient confirmé qu'il recevait tous les soins nécessaires.

Expulsion de diplomates russes : Macron soutient «ses partenaires» européens, Poutine déplore l'«absurdité» des accusations tchèques

Au cours de cet échange, le président français a par ailleurs exprimé le soutien de Paris à «ses partenaires» européens à la suite de l'expulsion récente par Moscou de 20 diplomates tchèques et d'un diplomate italien.

Pour rappel Moscou, avait ainsi pris une mesure de réciprocité après la décision de Prague d'expulser 18 diplomates russes accusés sans preuves d'être «des agents des services d'espionnage de Moscou» dans le sillage d'une décision similaire prise par les Etats-Unis la veille.

Le Premier ministre tchèque Andrej Babis avait déclaré avoir «des preuves irréfutables» que des agents du GRU – le renseignement militaire russe – étaient «impliqués dans l'explosion du dépôt de munitions à Vrbetice» en 2014. Il avait par ailleurs par ailleurs soutenu n'avoir reçu cette information que le 16 avril, soit sept ans après les faits. Moscou a en outre procédé de même le 26 avril pour un diplomate italien après la décision de Rome le 31 mars d'expulser deux fonctionnaires russes accusés d'espionnage

Pour sa part, le Kremlin rapporte que Vladimir Poutine a souligné lors de l'échange avec Emmanuel Macron «l'absurdité des accusations de Prague à l'encontre de la Russie et des mesures prises».  

La situation à l'est de l'Ukraine évoquée 

Toujours selon la présidence française, Emmanuel Macron a appelé Vladimir Poutine «à s'engager en bonne foi et de façon durable pour la réduction des tensions avec l'Ukraine, par le retrait effectif des troupes et du matériel lourd à la frontière, la réaffirmation claire du cessez-le-feu et une relance crédible du dialogue». La demande du président français survient dans un contexte tendu à la frontière ukrainienne. 

Kiev a annoncé il y a plusieurs semaines la tenue d'exercices conjoints avec l'Alliance atlantique dans les prochains mois. Plus d'un millier de soldats ukrainiens et de l'OTAN doivent ainsi simuler une offensive militaire afin de restaurer «l'intégrité territoriale d'un Etat qui a été agressé par l'un des pays voisins hostiles». L'Union européenne, les Etats-Unis et l'OTAN ont en outre dans la foulée multiplié les menaces à l'encontre de la Russie, reprochant à Moscou un déploiement de soldats russes à la frontière avec l'Ukraine.

De son côté, la Russie, qui a récemment accusé Kiev de «provocations» dans l'est de l'Ukraine, avait précisé que les exercices militaires qu'elle avait menés entre le 14 et le 22 avril visaient à «assurer la sécurité [des] frontières [russes]», dans le contexte d'«une activité croissante des forces armées de pays membres de l’OTAN, d’autres alliances et de pays indépendants [...] constatée le long de la frontière de la Russie».

«Vladimir Poutine a attiré l'attention [de son homologue français] sur les actions provocatrices de la part de l’Ukraine qui aggrave délibérément la situation sur la ligne de contact et ignore les dispositions des accords de Minsk», a fait savoir le Kremlin. A ce titre, le président russe a de nouveau souligné «la nécessité d'une application rigoureuse par les autorités de Kiev des accords précédemment conclus [...], tout d'abord celui qui concerne l'établissement d’un dialogue direct avec Donetsk et Lougansk et la reconnaissance légale du statut spécial du Donbass».

Le chef de l'Etat russe avait déjà appelé le président ukrainien à ouvrir un dialogue avec les dirigeants des républiques autoproclamées. «S'il veut discuter du Donbass, il devrait d'abord rencontrer les dirigeants des républiques autoproclamées, puis avec la Russie», avait-il déclaré le 22 avril, en écho à l'invitation de Volodomyr Zelensky à le rencontrer dans le Donbass, en proie à un conflit armé entre les rebelles et les forces de Kiev depuis 2014.

Sur ce sujet, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont réaffirmé leur disposition à poursuivre une coopération étroite entre la Russie et la France au format diplomatique «Normandie» qui associe également l'Ukraine et l'Allemagne.

Satisfaction sur la situation sécuritaire dans le Haut-Karabakh, convergence de vues sur la résolution de la crise libyenne 

Les deux présidents ont également discuté de diverses questions régionales à l'instar de la situation en Libye et au Haut-Karabagh. Sur le premier dossier, le Kremlin informe que «les deux parties ont exprimé leur satisfaction, constatant que la situation y reste calme, et [que] les déclarations des présidents de la Russie et de l'Azerbaïdjan et du Premier ministre de l'Arménie sur le Haut-Karabagh du 9 novembre 2020 et du 11 janvier 2021 continuent à être mises en œuvre de manière systématique». Quant au dossier libyen, les deux dirigeants ont mis l'accent selon la même source sur la nécessité de soutenir le règlement politique «avec la participation de toutes les principales forces libyennes».