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«Prétextes infondés et inventés» : Moscou réplique à l'expulsion de 18 diplomates par Prague

Moscou a vivement critiqué l'expulsion de 18 de ses diplomates et décidé d'expulser à son tour 20 membres de l'ambassade tchèque à Moscou. Pour la Russie, Prague cherche avant tout à plaire à Washington, son «maître d'outre-mer».

Dans un communiqué diffusé ce 18 avril, la diplomatie russe s'est élevée contre l'expulsion de 18 employés de l'ambassade de Russie à Prague, annoncée la veille par les autorités tchèques. Pour Moscou, cette décision «sans précédent» a été prise sous des prétextes «infondés et inventés de toutes pièces» liés à l'implication présumée des services spéciaux russes dans l'explosion de dépôts militaires du village de Vrbetice en 2014. 

«C'est d'autant plus absurde que les dirigeants tchèques ont attribué les explosions aux entreprises qui possédaient ces entrepôts», remarque le ministère dans son communiqué. La diplomatie russe, qui déplore une «démarche hostile» dans la droite ligne des actions antirusses entreprises par la République tchèque ces dernières années, y voit en outre «la trace» de Washington : «Tâchant de complaire aux Etats-Unis dans un contexte de sanctions américaines récemment introduites contre la Russie, les autorités tchèques ont même dépassé leurs maîtres d'outre-mer à cet égard.»

En conséquence, Moscou a annoncé que des mesures de rétorsion seront prises pour «forcer les auteurs de cette provocation à prendre pleinement conscience de la responsabilité qu’ils endossent dans la destruction des fondements de l’évolution normale des relations entre nos pays».

20 diplomates tchèques expulsés

Ces mesures sont arrivées rapidement puisque la Russie a ensuite annoncé plus tard dans la journée que 20 employés de l'ambassade tchèque à Moscou étaient désormais «persona non grata» et devaient quitter le pays avant la fin de la journée le 19 avril. Cette annonce a été faite par le ministère russe des Affaires étrangères, après la convocation de l'ambassadeur tchèque à Moscou, Vitezslav Pivonka.

Prague avait justifié sa décision le 17 avril en affirmant avoir identifié les 18 diplomates comme étant «des agents des services d'espionnage de Moscou». Le Premier ministre tchèque Andrej Babis avait déclaré avoir «des preuves irréfutables» que des agents du GRU – le renseignement militaire russe – étaient «impliqués dans l'explosion du dépôt de munitions à Vrbetice», en 2014.

Andrej Babis avait par ailleurs soutenu n'avoir reçu cette information que le 16 avril, soit sept ans après les faits... et le lendemain de l'annonce de nouvelles sanctions américaines contre Moscou. Un timing qui coïncide en outre avec l'expulsion par la Pologne de trois diplomates russes, accusés d'«actions hostiles». 

Le 19 avril, le Premier ministre tchèque a néanmoins affirmé dans une conférence de presse que la Russie n'avait pas fomenté d'attaque contre la République tchèque mais maintenu son accusation visant des agents [du renseignement militaire russe]. Selon lui, l'attaque qu'il qualifie de «terroriste», visait «un marchand d'armes bulgare».

Lors d'une conférence de presse tenue ce 19 avril, le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell a affirmé de son côté que l'ensemble des pays membres n'envisageaient pas d'autres expulsions de diplomates russes et l'instauration de nouvelles sanctions.