Covid-19 : le vaccin AstraZeneca change de nom et devient «Vaxzevria»
La société pharmaceutique AstraZeneca a enregistré une nouvelle appellation pour son produit controversé, mais la composition du vaccin reste inchangée. En dépit des incertitudes, l'EMA a annoncé ne pas avoir trouvé de facteurs de risque spécifique.
Ravalement de façade. Le vaccin contre le Covid-19 d'AstraZeneca est désormais baptisé «Vaxzevria». Cette modification de nom a été approuvée par l'Agence européenne des médicaments (EMA) le 25 mars, à la demande du groupe pharmaceutique suédo-britannique. Le changement intervient alors que ce produit est l'objet de controverses quant à des liens présumés entre son injection et le développement de caillots sanguins, bien que l'EMA a annoncé le 31 mars ne pas avoir trouvé de facteurs de risque spécifique, y compris l'âge.
Le régulateur européen, qui poursuit ses analyses, a cependant précisé que son comité de sécurité devrait publier des «recommandations actualisées» sur ce vaccin après sa réunion mensuelle, prévue la semaine du 5 avril.
Si le vaccin d'AstraZeneca change de nom, sa composition reste en revanche identique. Le personnel soignant doit cependant être «conscient du changement car les informations sur le produit, l'étiquetage et l'emballage peuvent être différents», explique l'agence suédoise des médicaments, Lakemedelsverket, sur son site.
Par précaution face aux incertitudes liées aux effets secondaires du produit, plusieurs pays dont l'Allemagne, la Suède, la Finlande ou l'Islande, ont déconseillé son usage pour les plus jeunes, le réservant aux plus de 60 ans, après le signalement de quelques cas de problèmes de caillots sanguins. A rebours des pays de l'UE, la Norvège a par exemple décidé vendredi de prolonger jusqu'au 15 avril la suspension du vaccin AstraZeneca, ses autorités sanitaires jugeant nécessaire d'approfondir leur examen et disant «soupçonner» un lien de causalité avec «ces effets secondaires très graves».
62 cas de thromboses veineuses cérébrales enregistrées dans le monde
Et ce en dépit des assurances de l'EMA, qui avait jugé mi-mars le vaccin «sûr et efficace», estimant qu'il n'était «pas associé» à un risque plus élevé de thrombose. «Pour le moment, les examens n'ont pas identifié de facteurs de risque spécifiques tels que l'âge, le genre ou un passé médical incluant des problèmes de caillots sanguins pour ces très rares cas» signalés de complications survenues chez des personnes vaccinées avec l'AstraZeneca, a indiqué l'EMA le 30 mars dans un communiqué.
«Aucun lien causal avec le vaccin n'est prouvé. Mais il est possible, et des analyses supplémentaires sont en cours», a déclaré la directrice exécutive de l'EMA, Emer Cooke, lors d'une visioconférence. «Sur la base des connaissances scientifiques actuelles, aucun élément ne soutient la restriction de l'usage du vaccin pour une partie de la population», a-t-elle assuré.
Le gendarme européen du médicament a recensé 62 cas de thromboses veineuses cérébrales dans le monde, dont 44 dans les 30 pays de l'Espace économique européen (UE, Islande, Norvège, Liechtenstein) pour 9,2 millions de doses de vaccin administrées dans cette zone. Quatorze décès ont été enregistrés, sans pouvoir toujours être imputables de façon certaine à la thrombose, a ajouté Emer Cooke. L'agence a cependant précisé que ces données, parcellaires, n'incluaient pas les statistiques du Brésil – grand utilisateur du vaccin AstraZeneca derrière le Royaume-Uni et l'Inde – et qu'elles s'arrêtaient au 22 mars, sans inclure les cas les plus récents rapportés en Allemagne.
L'institut médical Paul-Ehrlich, qui conseille le gouvernement allemand en matière de vaccins, examine en effet 31 signalements de caillots sanguins survenus chez des personnes ayant reçu le vaccin AstraZeneca dans le pays, a rapporté le 30 mars le magazine Der Spiegel. Presque tous les cas concernent des femmes jeunes ou d'âge moyen. Le même jour, les villes allemandes de Munich et Berlin ont annoncé suspendre «par précaution» l'utilisation de ce vaccin pour les personnes de moins de 60 ans.