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Covid-19 et géopolitique : selon BHL, «l’urgence n’est pas de commander des vaccins à Poutine»

Amené à s'exprimer le 5 février 2021 sur CNews sur un éventuel recours au vaccin russe Spoutnik V par la France, Bernard-Henri Lévy a déplacé la question sur le terrain géopolitique, employant une rhétorique offensive à l'encontre de Moscou.

S'opposer à la Russie en toutes circonstances, même lorsqu'il est question de santé publique ? Invité sur CNews le 5 février à se prononcer sur une éventuelle commande du vaccin russe Spoutnik V par la France ou l'Allemagne afin de lutter contre la pandémie de Covid-19, Bernard-Henri Lévy a jugé qu'il serait plus pertinent de hausser le ton contre Moscou, invoquant le cas d'Alexeï Navalny. L'opposant russe a été condamné le 2 février à une peine de prison ferme pour avoir violé à de multiples reprises les conditions du contrôle judiciaire exigées par une peine de prison avec sursis, prononcée en 2014 dans une affaire de détournement de fonds.

Il y a beaucoup de vaccins

«Il y a beaucoup de vaccins [qui existent] : ce qui est en train de se passer en Russie est d'une gravité extrême […] L'urgence, c'est de dire [à Vladimir Poutine] que l'Europe et l'Occident ne l'accepteront pas», a martelé l'écrivain, anticipant par ailleurs «une fin de règne» de l'actuel président russe. «L’urgence n’est pas de commander des vaccins à Poutine, mais de condamner la répression inouïe qui s’abat sur les libertés en Russie», a ajouté BHL sur Twitter, habitué à tenir un discours agressif à l'égard des autorités russes au nom de la défense des droits de l'Homme et des valeurs démocratiques.

Ce discours fait écho à celui de plusieurs gouvernements occidentaux qui ont condamné l'emprisonnement et la condamnation d'Alexeï Navalny, mais aussi la gestion par les forces de l'ordre russes des manifestations illégales de soutien à l'opposant. Moscou, de son côté, a dénoncé à plusieurs reprises l'ingérence de pays occidentaux dans les affaires russes, pointant du doigt la présence de diplomates étrangers à l'audience d'Alexeï Navalny, les appels de gouvernements occidentaux à la libération de l'opposant ou encore l'indication, sur le site de l'ambassade américaine à Moscou des heures et lieux de mobilisations non-autorisées pro-Navalny en Russie.

La politisation par Bernard-Henri Lévy du Spoutnik V n'est, elle, pas aussi partagée. Un certain nombre de gouvernements européens, par ailleurs critiques à l'encontre de Moscou sur l'affaire Navalny, se déclarent ouverts au déploiement de ce vaccin russe dans le cas où l'Agence européenne du médicament le validerait. Au sein de l'Union européenne, les autorités hongroises ont d'ores et déjà autorisé le Spoutnik V et annoncé avoir conclu un accord pour en acquérir.

Le 2 février, la revue scientifique britannique The Lancet publiait des résultats sur le vaccin russe Spoutnik V, qui démontraient son efficacité à 91,6% contre les formes symptomatiques du Covid-19, renforçant cette tendance.