Interpellation de Waterloo : la mère de famille blessée livre sa version et accuse la police
Après son arrestation brutale pour rébellion lors d'un contrôle à domicile pour non respect du confinement – arrestation ayant suscité un vif émoi en Belgique –, une mère de famille a raconté sa mésaventure entre les mains des «cowboys de Waterloo».
Valérie Simonis Grosjean, mère de famille interpellée sans ménagement à domicile après un contrôle pour non respect des règles de confinement en Belgique, a livré sa version des faits sur Facebook.
Filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, l'interpellation musclée de cette femme, blessée au nez, avait suscité émoi et indignation dans le pays.
«Vendredi soir [21 décembre], mon mari et moi sommes rentrés vers 22 heures, nos trois enfants avaient invité trois ou quatre ados à la maison [...] C’est illégal, certes... J’étais en train de me brosser les dents pour aller me coucher et mon mari faisait une partie de kicker avec les enfants lorsque la police de la Mazerine est arrivée, courtoise [au départ], suite à une délation d’une de nos voisines».
«Sont ensuite arrivés les cowboys de Waterloo qui ont voulu rentrer chez nous sans mandat, ce que j'ai refusé», a relaté a mère de famille.
Elle dénonce le caractère «disproportionné» de l'intervention «pour trois ados», puis raconte comment ses trois enfants ont assisté à toute la scène : «Notre fille de 13 ans a hurlé à son frère et à sa sœur qui étaient à l'intérieur : "Ils sont en train de tuer les parents !"»
«Lorsqu’ils sont rentrés pour perquisitionner notre maison [sans nous présenter aucun papier], j’ai pris mon téléphone et ai filmé la scène […] La suite, vous l’avez vue sur la vidéo qui tourne sur les réseaux sociaux», se justifie-t-elle.
«Ils m’étranglent et me claquent la tête contre le sol»
La police lui aurait demandé d'arrêter de filmer leur intervention. Valérie Simonis Grosjean dit avoir refusé: «Je lui réponds que j’en ai le droit, ce à quoi elle rétorque qu’elle a le droit de m’arrêter aussi, m’arrache mon téléphone, je me fais alors plaquer au sol et menotter par le collègue à côté d’elle. Ils m’étranglent et me claquent la tête contre le sol (c’est à ce moment qu’ils m’ont cassé le nez). J’ai été d’ailleurs étranglée jusqu’à en perdre connaissance, ce à deux reprises !».
S'en suit selon ce récit une escalade des tensions entre les policiers et la famille : «Mon mari est sorti lorsqu’il m’a entendu crier, trois policiers l’ont jeté au sol, menotté et un autre a rejoint pour lui gazer les yeux à la bombe au poivre !»
La mère de famille explique aussi que les policiers lui ont plaqué la tête contre sa voiture à plusieurs reprises. «Les chocs étaient si violents que le phare de la voiture en est sorti du capot», dénonce-t-elle. «J'avais du sang plein le visage, mes cheveux collaient sur ma peau et m'empêchaient de respirer, je leur suppliais de me les enlever, ils me riaient au nez et tournaient encore un petit coup les menottes dans mon dos pour me faire mal ! Il faisait froid, je portais un petit pull, je leur ai demandé plus d'une dizaine de fois de me donner mon écharpe qui était dans ma cuisine, en vain!»
Trois jours plus tard, Valérie se dit encore traumatisée par cette intervention : «Je ne dors plus depuis trois jours, je n'arrête pas de pleurer, mes enfants sont choqués et ma cadette est complètement renfermée sur elle-même, elle ne parle pas de ce qui s'est passé, je pense que les dégâts psychologiques sont plus que graves...», conclut-elle.
Valérie a selonLa Libre Belgique le nez et une dent cassés ainsi que de multiples contusions. Le couple ont annoncé porter plainte tandis que le procureur du Roi du Brabant wallon Marc Rézette a annoncé une enquête «pour faire toute la lumière sur la chronologie des faits».
Agression des forces de l'ordre ?
«Les policiers ont été appelés pour une fête ou un rassemblement plus conséquent que la limite autorisée. On parle de 11 à 15 personnes. L’infraction était donc bien réelle. Les propriétaires ont joué la montre en attendant qu’un mandat soit délivré pour les policiers. Et pas mal des personnes présentes se sont alors échappées de la maison», a-t-il relaté.
Valérie aurait aussi selon le procureur porté une «grosse gifle à une policière», lui cassant une dent, ce qui aurait déclenché la réaction des policiers, compliquée par la résistance des autres membres de la famille.
«D’habitude pour une telle infraction, les policiers arrivent sur les lieux, ils dressent les PVs et se retirent. Ici, face à des actes de violence, ils ont fait usage de la force, comme ils en ont le droit», a-t-il précisé.
Le procureur a par ailleurs déclaré que la famille encourait des peines de quatre mois à quatre ans d’emprisonnement si les «agressions à répétitions sur des policiers» étaient avérées. «Si au contraire il s’avérait que l’enquête mette en cause des policiers, une peine similaire mais doublée pourrait être d’application», a-t-il précisé.
Le quotidien belge Le Soir, citant l'agence Belga relatait par ailleurs le 20 décembre que «le père, la mère et leur fille majeure» seraient jugés par un tribunal correctionnel pour« rébellion en bande, coups à policiers et infraction relative au couvre-feu».