France, Royaume-Uni, Autriche, Belgique, Portugal... La liste des pays ayant franchi le pas d'un reconfinement, partiel ou total, pour faire face à la hausse des contaminations et des décès dus à la pandémie de Covid-19, s'allonge en Europe. Des mesures restrictives qui ont provoqué, dans certaines villes, des manifestations de contestation, parfois émaillées de heurts.
Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d'Europe
L'Angleterre va mettre en place un nouveau confinement d'une durée d'un mois au cours de la semaine prochaine.
Au Royaume-Uni, pays confronté à une résurgence de la pandémie menaçant de submerger ses hôpitaux, le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé un reconfinement en Angleterre à partir du 5 novembre au 2 décembre (sachant que le Pays de Galles était déjà confiné, et l'Irlande du Nord en confinement partiel).
«Le virus se répand encore plus rapidement que dans le scénario du pire établi par nos conseillers scientifiques. [...] Il est temps d'agir comme il n'y a pas le choix», a déclaré Boris Johnson le 31 octobre lors d'une conférence de presse.
Ecoles et universités resteront ouvertes, mais les déplacements sont sévèrement restreints, et seuls les pubs et restaurants proposant de la nourriture à emporter ou des livraisons pourront rester ouverts. Les habitants de l'Angleterre sont appelés à travailler de chez eux et ne doivent quitter leur domicile que pour des raisons précises comme faire de l'exercice, se rendre à un rendez-vous médical ou faire des courses alimentaires essentielles.
La pandémie a fait au moins 46 555 morts au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé en Europe, qui enregistre plus de 50 000 nouveaux cas par jour et a dépassé le 31 octobre le million de cas.
Le 22 octobre, l'Irlande a été le premier pays d'Europe à reconfiner toute sa population. Les près de cinq millions d'Irlandais sont assignés à résidence pour six semaines, mais les écoles restent ouvertes. Les commerces non essentiels sont fermés et les Irlandais ne peuvent sortir de chez eux pour faire de l'exercice que dans un rayon de cinq kilomètres.
Les plus de trois millions d'habitants du Pays de Galles ont quant à eux été reconfinés le 23 octobre, au moins jusqu'au 9 novembre. Contrairement au confinement du printemps dernier, les écoles restent ouvertes.
Reconfinement d'un mois en Autriche
Le gouvernement autrichien a annoncé le 31 octobre un nouveau confinement, avec la mise en place d'un couvre-feu et la fermeture des restaurants, hôtels, institutions culturelles et sportives, pour tenter d'endiguer la deuxième vague de la pandémie. «[En Autriche] un second confinement est mis en place à compter de mardi [3 novembre] et ce jusqu'à fin novembre», a déclaré le chancelier Sebastian Kurz.
Le pays de 8,8 millions d'habitants enregistre désormais plus de 5 000 cas quotidiens, contre seulement 1 000 début octobre, pour 1 109 décès depuis le début de la pandémie.
Le 31 octobre, des centaines de personnes se sont rassemblées devant le Parlement autrichien et la chancellerie fédérale, à Vienne, pour protester contre l'annonce de ce reconfinement visant à juguler la pandémie de Covid-19.
Un «confinement plus sévère» en Belgique
La Belgique a annoncé un «confinement plus sévère», pendant six semaines pour ses 11,5 millions d'habitants.
Les mesures, qui entreront en vigueur le 2 novembre, incluent notamment la fermeture des commerces «non essentiels», la limitation des invitations au domicile à une seule personne et, pour les entreprises, l'obligation du télétravail là où il est possible.
La France reconfinée «a minima» jusqu'au 1er décembre
La France est reconfinée depuis le 30 octobre et «a minima» jusqu'au 1er décembre, face à la progression de la pandémie ces dernières semaines.
Les crèches, écoles, collèges et lycées restent ouverts. On ne peut «prendre l'air» que pendant une heure maximum et dans un rayon d'un kilomètre de son domicile.
Le recours au télétravail devient la règle, mais le travail sur site peut continuer. Les commerces «non essentiels» sont de nouveau fermés, tout comme les salles de cinéma et de spectacle.
L'annonce par le président de la République française d'un nouveau confinement – une décision soutenue par le Conseil scientifique – a fait l'objet de vives critiques de la part des représentants des PME et de l'organisation patronale Medef notamment. En outre, des dizaines de personnes ont participé à une manifestation sauvage dans la soirée du 29 octobre à Paris, mais aussi à Toulouse et Castres.
Enfin, plusieurs élus et associations d'élus comme l'Association des maires de France (AMF) ont réclamé la réouverture de commerces de proximité fermés en raison du nouveau confinement – des décisions pourtant illégales au regard de la loi.
Au Portugal, un «devoir civique de confinement à domicile»
Le Portugal sera soumis à partir du 4 octobre à un nouveau confinement partiel, qui concernera environ 70% de sa population.
Les personnes concernées seront appelées à respecter un «devoir civique de confinement à domicile», mais pourront quitter leur résidence pour aller travailler, si le télétravail est impossible, ou pour emmener leurs enfants à l'école.
Les commerces devront fermer au plus tard à 22h et les entreprises devront instituer des horaires de travail décalés.
Confinement partiel et couvre-feu nocturne en Grèce
Les autorités ont annoncé un confinement partiel à partir du 3 octobre, avec un couvre-feu nocturne et la fermeture pendant un mois des bars, restaurants et salles de sport à Athènes et dans d'autres villes du pays.
La circulation sera interdite après minuit et jusqu'à 5h (heures locales). Les écoles et les commerces de détails resteront ouverts.
Comme ailleurs, l'objectif est d'«essayer de sauver les fêtes de Noël», a expliqué le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.
«Semi-confinement» en Italie
En Italie, le gouvernement a imposé ces derniers jours ce que les médias qualifient de «semi-confinement» : un couvre-feu dans plusieurs grandes régions, la fermeture des bars et des restaurants à 18h, ainsi que celle des salles de sport, de cinéma et de concert.
Selon la presse italienne, le gouvernement envisage un confinement des grandes villes du pays, à commencer par Milan et Naples, pour essayer de freiner les contaminations. Le Premier ministre Giuseppe Conte pourrait annoncer ces nouvelles mesures le 2 novembre, toujours selon les médias, qui évoquent également une interdiction de déplacement entre les différentes régions et la fermeture de commerces dans les «zones rouges» urbaines.
L'opposition aux restrictions a donné lieu à de nouveaux heurts le 31 octobre au soir à Rome entre la police et des centaines de manifestants, après des incidents similaires survenus la veille à Florence et dans d'autres grandes villes ces derniers jours.
Limitation des déplacements en Espagne
Un bouclage a été décrété par la quasi-totalité des régions espagnoles afin de limiter les déplacements avant le week-end de la Toussaint.
A part l'Estrémadure, une communauté autonome peu peuplée à l'ouest du pays, toutes les régions d'Espagne continentale ont bouclé leur territoire ou, comme en Galice, celui de certaines communes. La majorité de ces bouclages dureront deux semaines. A Madrid, la mesure s'appliquera seulement ce week-end et le suivant, tous deux prolongés.
Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, une manifestation contre les mesures restrictives prises par les autorités afin de contenir la propagation du coronavirus a dégénéré en affrontements avec la police à Madrid.
La veille, des affrontements avaient déjà opposé dans le centre de Barcelone des manifestants et la police lors d'un rassemblement quelque 700 personnes opposées au couvre-feu et aux restrictions de circulation.
La manifestation a dégénéré lorsqu'une cinquantaine de personnes «a commencé à jeter des objets dangereux en direction de la police», selon un porte-parole des forces de l'ordre régionales, les Mossos d'Esquadra, cité par l'AFP. 12 personnes, dont deux mineurs, ont été interpellées, a annoncé la police un peu avant 23h, une vingtaine d'agents ont été blessés.
Nouveau tour de vis en Allemagne
Le 28 octobre, les autorités allemandes ont annoncé un nouveau tour de vis, sans aller jusqu'à un reconfinement.
Les citoyens sont invités à éviter les déplacements inutiles et les séjours touristiques à l'hôtel seront interdits à partir du 2 novembre. Les restaurants, bars, installations sportives, culturelles et de loisirs seront fermés.
Les écoles resteront ouvertes, de même que tous les magasins, avec des règles plus strictes.
Une mobilisation contre les mesures restrictives anti-Covid est notamment prévue ce dimanche 1er novembre à Munich. De nombreuses manifestations du même type ont été organisées ces derniers mois dans plusieurs grandes villes allemandes, comme Berlin ou Constance.
Certificat de test négatif pour se déplacer en Slovaquie
Afin d'assouplir les restrictions, la Slovaquie a choisi de lancer le 31 octobre un programme de dépistage du coronavirus au sein de l'ensemble de la population avec des tests antigéniques, une première mondiale mais d'ores et déjà critiquée pour une mauvaise préparation.
Quelque 45 000 professionnels de la santé, de l'armée et de la police ont été déployés pour effectuer les tests dans ce pays de 5,4 millions d'habitants, dans environ 5 000 points de dépistage ouverts le 31 octobre et le 1er novembre.
Toute personne ne disposant pas d'un certificat de test négatif risque de se voir infliger une lourde amende si elle est contrôlée par la police hors de chez elle. Les cas positifs doivent s'isoler chez eux pendant 10 jours.
276 000 morts en Europe
Sur l'ensemble de l'Europe, qui compte plus de 276 000 décès depuis le début de la pandémie, le nombre de cas supplémentaires enregistrés a bondi de 41% en une semaine, représentant la moitié des cas signalés ces sept derniers jours dans le monde, selon les chiffres rapportés par l'AFP.
Au moins 14 pays européens ont connu cette semaine un nombre record d'hospitalisations liées à la pandémie.
Les pays européens constituent ainsi la troisième région la plus touchée derrière l'Amérique latine et les Caraïbes (11,2 millions de cas) et l'Asie (10,5). Sur l'ensemble de la planète, ce sont plus de 45,6 millions d'êtres humains qui ont été atteints, dont près de 1,2 million ont perdu la vie.