L'Allemagne s'oppose à des sanctions de l'UE contre la Turquie
- Avec AFP
Face aux tensions croissantes entre la Turquie et plusieurs pays de l'UE, celle-ci privilégie la retenue contre Ankara. Berlin juge inopportune toute imposition de sanctions et bloque les demandes des autres Etats membres en ce sens.
Les dirigeants de l'Union européenne (UE) ont condamné le 29 octobre les provocations et la rhétorique d'Ankara envers le chef d'Etat français Emmanuel Macron. Ils ne décideront pourtant d'aucune mesure avant leur sommet en décembre, comme l'a fait savoir le jour même le président du Conseil Charles Michel, à l'issue d'un sommet européen en visioconférence.
Nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet en décembre
Cette décision a été prise après les attaques verbales du président turc Recep Tayyip Erdogan envers son homologue français. Il l'avait alors encouragé à «se faire soigner» et «faire des examens de santé mentale», deux jours avant d'appeler ses concitoyens à boycotter les produits français. Une attitude qui a poussé Paris à plaider pour des sanctions européennes contre la Turquie.
«Nous condamnons les récentes actions unilatérales [de la Turquie] en Méditerranée orientale, les provocations et la rhétorique, qui sont totalement inacceptables [...] Nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet en décembre», a aussi déclaré Charles Michel dans une brève intervention à la fin de la conférence de presse consacrée à la présentation des mesures européennes pour lutter contre la propagation de la pandémie de Covid-19.
L'Allemagne s'oppose à toute décision sur des sanctions contre la Turquie
Les relations entre la Turquie et la France se dégradent progressivement depuis un an, en raison notamment de désaccords sur la Syrie, la Libye et la Méditerranée orientale.
Les tensions sont en effet très fortes avec la Grèce et Chypre à cause de querelles sur les frontières maritimes dans des zones riches en champs gaziers en Méditerranée orientale.
Face à ces tensions, comme le relève l'AFP, l'UE a adopté une double approche à l'égard d'Ankara : elle s'est engagée à améliorer certaines coopérations et à relancer l'union douanière, à condition que la Turquie cesse ses forages illégaux dans les eaux chypriotes et confirme sa volonté de dialoguer avec Athènes.
«Si Ankara poursuit ses actions illégales, nous utiliserons tous les instruments à notre disposition», a averti début octobre Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui avait fait savoir que des sanctions économiques étaient prêtes à être «utilisées immédiatement».
Charles Michel avait alors déclaré que les dirigeants de l'UE examineraient «avant la fin de l'année si des développements positifs [avaient] été enregistrés».
Mais l'Allemagne, qui mène une médiation avec le président turc, juge pour le moment inopportune toute décision sur des sanctions et bloque les demandes des autres Etats membres, ont expliqué à l'AFP plusieurs sources européennes.