Haut-Karabagh : pressé de toute part à prendre position, Le Drian souligne la neutralité française
- Avec AFP
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a rejeté le 13 octobre les appels d'élus à soutenir les Arméniens dans le conflit au Haut-Karabagh, arguant de la nécessaire «impartialité» de la France liée à son statut de médiateur.
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a rejeté ce 13 octobre les appels d'élus français à prendre le parti des Arméniens dans le conflit du Haut-Karabagh. Le ministre insiste sur la nécessaire «impartialité» de la France liée à son statut de médiateur.
«Le mandat que nous a confié l'OSCE en 1994 avec la Russie et les USA pose une exigence d'impartialité de la France», a déclaré le ministre, évoquant le rôle de médiateur des trois pays dans le cadre du groupe dit de Minsk, à l'Assemblée nationale.
«Nous ne serions plus légitimes si nous prenions parti pour l'un ou l'autre des deux pays», a-t-il ajouté en référence à l'Arménie et l'Azerbaïdjan. «Nous ne rendrions pas service à la qualité de notre relation bilatérale avec l'Arménie si nous tenions une posture déséquilibrée qui remettrait en cause le rôle que nous jouons dans le cadre du Groupe de Minsk et [...] l'influence que nous pouvons avoir sur les parties en crise», a encore insisté le ministre des Affaires étrangères.
Jean-Yves Le Drian a en outre concédé que la France entretenait une «relation bilatérale étroite» avec l'Arménie, en référence à l'importante communauté arménienne (estimée à quelque 600 000 membres) vivant dans l'Hexagone.
Il a par ailleurs ajouté que Paris avait une «longue relation» avec l'Azerbaïdjan, ex-république soviétique, dotée d'importantes réserves en hydrocarbures, et représentant des débouchés importants pour nombre d'entreprises internationales.
«Nous sommes tous des Arméniens !», lance une députée
Jean-Yves Le Drian avait été interpellé, à l'Assemblée, par la députée Danièle Cazarian (LREM, Rhône) qui avait dénoncé les «crimes de guerre» commis au Haut-Karabagh et le soutien «diplomatique et militaire» de la Turquie à l'Azerbaïdjan.
«Face à ce constat, une position de stricte neutralité n'est plus tenable ! Au Haut Karabagh, ce sont nos amis qui combattent dans un rapport de forces inégal», a-t-elle déploré.
«Je veux le dire haut et fort, nous sommes tous des Arméniens !», a-t-elle lancé en rappelant qu'elle était elle-même petite-fille de rescapés du génocide arménien de 1915.
Evoquant ces "16 jours et 16 nuits d'horreur" dans le Haut-Karabagh, Danièle Cazarian (LaREM) demande au Gvt de dire "stop au bellicisme d'Ankara porteur d'un risque majeur d'internationalisation du conflit" et d'abandonner une position de stricte neutralité #DirectAN#QAGpic.twitter.com/RbPwmbQqQg
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) October 13, 2020
Plus de 170 maires, députés et sénateurs français, dont Anne Hidalgo et Laurent Wauquiez, avaient appelé la France à sortir de sa position de neutralité face à «l'agression azerbaïdjanaise contre les Arméniens» au Haut-Karabagh.
Des manifestations de la communauté arménienne se sont aussi multipliées en France. Le 13 octobre au soir, des membres de cette communauté étaient réunis devant l'Assemblée nationale afin de sensibiliser l'opinion publique à la situation au Haut-Karabagh, majoritairement peuplé par des Arméniens.
D'intenses combats ont continué à opposer le 13 octobre les troupes arméniennes du Haut-Karabagh et l'armée azerbaïdjanaise. Si les chiffres précis sont difficiles à connaître en raison de versions contradictoires entre les deux parties, les affrontements ont fait au moins 600 morts, dont 73 civils, depuis leur reprise le 27 septembre.