Tunisie : heurts à Sbeitla après la mort d'un homme dans un kiosque démoli par la police
- Avec AFP

La municipalité de Sbeitla a ordonné à la police de détruire un kiosque à journaux dans lequel un homme dormait, entraînant sa mort. Un drame à l'origine de manifestations dans la ville. Le gouvernement a apporté son soutien à la famille.
Des manifestations de colère ont éclaté le 13 octobre à Sbeitla, dans le centre-ouest de la Tunisie, où un homme est mort après que la municipalité a détruit le kiosque à journaux dans lequel il dormait, poussant les autorités à déployer des renforts.
Sbeitla municipality of #Kasserine demolished a Koshk (tiny corner shop) today at 4 am without checking if there was anybody inside. The decision caused the death of 52 year old owner who was sleeping inside to guard it. So far PM Mechichi announced "the exemption" of 2 officials pic.twitter.com/nCpGitWE8v
— Ghaya Ben Mbarek غاية بن مبارك (@Ghaya_BM) October 13, 2020
Le même jour, vers trois heures du matin, les autorités locales ont appliqué une décision de destruction d'un point de vente de journaux et de tabac illégal, dans un quartier de Sbeitla, dans la région marginalisée de Kasserine, ont indiqué des sources sécuritaires à l'AFP. Abderrazek Khachnaoui, le père du propriétaire de ce petit commerce, dormait dans la construction de fortune quand la police est intervenue pour la détruire. Il est décédé lors de l'opération, ont confirmé des sources sécuritaires et le fils de la victime, Oussama. «Les agents de la municipalité ont procédé à la destruction sans vérifier s'il y avait quelqu'un à l'intérieur», a-t-il déploré à l'AFP. «Mon père [...] est mort sur le champ. Lors de l'opération, des agents de sécurité ont tiré du gaz lacrymogène sur ma famille qui avait tenté de s'approcher» du kiosque, a ajouté le fils de la victime.
Des unités militaires et sécuritaires déployées
Ce décès a provoqué la colère de dizaines d'habitants, qui ont fermé des routes de la ville et incendié une voiture de la municipalité, ont indiqué des témoins à un correspondant de l'AFP. Les protestataires ont jeté des pierres et des objets sur les forces sécuritaires, a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur Khaled Hayouni. «Par précaution», des unités militaires et sécuritaires ont été déployées pour protéger les institutions sensibles de Sbeitla, a ajouté Mohamed Zekri, porte-parole du ministère de la Défense.
محتجون تونسيون يشعلون النار في عدد من الممتلكات والإدارات الحكومية في مدينة #سبيطلة تعبيراً عن غضبهم على مقتل رجل كان نائماً داخل كشك هُدم بواسطة جرافة حكومية باعتبار أنه مخالف لأنظمة البلدية pic.twitter.com/rILPJEQSfl
— 24.ae (@20fourMedia) October 13, 2020
Dans un communiqué, la présidence du gouvernement a apporté son soutien à la famille de la victime et annoncé l'ouverture d'une enquête. Le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a limogé le préfet et le sous-préfet de la région, ainsi que le chef du district sécuritaire et le chef du poste de police municipale de Sbeitla, ajoute le communiqué. Le chef du gouvernement a demandé au ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine, de se déplacer «immédiatement» à Sbeitla et d'«offrir un encadrement matériel et moral à la famille de la victime», selon la même source. Sbeitla, située à 30 km du chef-lieu, Kasserine, fait partie des villes de l'intérieur tunisien défavorisé où les mouvements de protestations visant à réclamer travail et investissements sont récurrents.
Le commerce informel, comme la vente de journaux ou de pain, permet à de nombreux jeunes de gagner de quoi aider leur famille. Alors que la situation économique était déjà difficile en Tunisie, les restrictions mises en place pour ralentir la propagation du Covid-19 ont un impact social dévastateur. Le taux de chômage, qui a grimpé à 18% et pourrait dépasser les 21% d'ici la fin de l'année au niveau national selon l'Institut national de la statistique, est nettement plus élevé dans les régions intérieures du pays.