Cessez-le-feu dans le Haut-Karabagh : Erevan et Bakou dénoncent déjà de nouvelles attaques
- Avec AFP
Peu de temps après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan dans la région disputée du Haut-Karabagh, Erevan et Bakou s'accusent mutuellement de nouvelles attaques.
Le 10 octobre 2020, moins d'une heure après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu négocié par l'Arménie et l'Azerbaïdjan avec une médiatition russe, Bakou et Erevan se sont mutuellement accusés de nouvelles attaques dans la région disputée du Haut-Karabagh, théâtre d'affrontements depuis fin septembre.
«Ignorant le cessez-le-feu annoncé à des fins humanitaires à compter du 10 octobre à 12h, les unités azerbaïdjanaises ont lancé un assaut sur une zone appelée "Karakhambeyli" à 12h05», a ainsi accusé sur Twitter la porte-parole du ministère arménien de la Défense, Shushan Stepanian. Et d'ajouter : «Les unités de défense de l'Artsakh [Haut-Karabagh] prennent les mesures appropriées pour arrêter l'attaque ennemie.»
Ignoring the ceasefire announced for humanitarian purposes effective as of October 10, 12:00, the #Azerbaijani units launched an assault on an area called "Karakhambeyli" at 12:05. Units of the Artsakh #DefenseArmy take appropriate measures to halt the enemy attack.
— Shushan Stepanyan (@ShStepanyan) October 10, 2020
«L'ennemi bombarde des zones habitées», a pour sa part répliqué le ministère azerbaïdjanais de la Défense dans un communiqué publié 30 minutes après l'entrée en vigueur de l'accord. «L'Arménie viole de manière flagrante le cessez-le-feu, tente d'attaquer dans les directions de Fizuli-Jebrail et Agdam-Terter [dans le Haut-Karabagh]», a déclaré le ministère azerbaïdjanais de la Défense, avant d'annoncer sur Twitter que les forces armées arméniennes tiraient sur les régions de Terter et d'Agdam.
Armenian armed forces are firing Terter and Agdam regions of Azerbaijan.#KarabakhisAzerbaijan#LongLiveAzerbaijan#LongLiveAzerbaijanArmy#StopArmenianOccupation#StopArmenianAgression#StopArmenianTerror
— Azerbaijan MOD (@wwwmodgovaz) October 10, 2020
Peu de temps avant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, le ministère azerbaïdjanais de la Défense faisait déjà état de bombardements arméniens. «Les forces armées arméniennes bombardent intensivement des zones peuplées […] L'Azerbaïdjan prend des mesures réciproques», a fait alors savoir le ministère dans un communiqué.
Les parties réaffirment leur attachement au cessez-le-feu
Au cours de la même journée, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est entretenu par téléphone avec le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Djeïkhoun Baïramov ainsi qu'avec le chef de la diplomatie arménienne Zograb Mnatsakanian. Au cours des discussions, les parties ont une nouvelle fois affirmé leur engagement vis-à-vis des accords de cessez-le-feu et ont souligné la nécessité du strict respect «sur le terrain», selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.
De son côté, la France, coprésidente du groupe de médiateurs dit de Minsk, a appelé ce 10 octobre au «strict» respect de l'accord. «La France salue l'annonce d'un cessez-le-feu humanitaire entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Il doit maintenant être mis en œuvre et respecté strictement afin de créer les conditions d'une cessation permanente des hostilités entre les deux pays», a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès von der Mühll, avant que les belligérants ne dénoncent de nouvelles attaques de la partie adverse.
Le cessez-le-feu, convenu entre les ministres azerbaïdjanais et arménien des Affaires étrangères à Moscou, doit permettre d'échanger des prisonniers de guerre et les corps de victimes, selon la diplomatie russe. L'Azerbaïdjan et l'Arménie se sont également engagés «à des négociations substantielles pour parvenir rapidement à un règlement pacifique» du conflit avec la médiation des coprésidents (France, Russie, Etats-Unis) du groupe de Minsk de l'OSCE, selon Moscou.
Bombardements sur Stepanakert, selon l'AFP
En fin d'après-midi, l'AFP rapportait que le cessez-le-feu semblait être «relativement respecté», la capitale de la région du Haut-Karabagh, Stepanakert, étant plus calme après des jours de combats intenses.
Mais dans le soirée, la ville a été la cible de bombardements, selon l'agence. Sept lourdes explosions en effet ont été entendues, d'après cette source, faisant trembler le sol dans toute la ville. Immédiatement après cette salve, les sirènes d'alerte ont sonné pendant plusieurs minutes pour appeler les habitants à se réfugier dans les caves et abris.