«Enlèvement prémédité» d'Assange ? Le témoignage explosif d'une journaliste présenté à la cour
Pendant le procès sur l'extradition de Julian Assange, la défense de celui-ci a exposé le témoignage d'une journaliste américaine qui affirme que l'arrestation du fondateur de WikiLeaks a été coordonnée sur des ordres directs du président américain.
En ce début de troisième semaine du procès en cours sur l'extradition du fondateur de WikiLeaks vers les Etats-Unis, la défense du ressortissant australien a présenté à la cour le 21 septembre une déclaration de la journaliste américaine Cassandra Fairbanks qui, au-delà de son activisme au sein de médias de la droite américaine, est connue pour soutenir ouvertement Julian Assange et Chelsea Manning.
L'arrestation de Julian Assange à l'ambassade a été coordonnée sur "des ordres directs du président américain"
Le témoignage en question pointe, entre autres, le rôle présumé de Donald Trump dans le cadre de l'arrestation du fondateur de WikiLeaks, le 11 avril 2019, à l'ambassade de l'Equateur à Londres, par les autorités britanniques.
«L'arrestation de Julian Assange à l'ambassade a été coordonnée sur "des ordres directs du président américain"», a fait savoir la défense de Julian Assange, ainsi que le rapporte le journaliste de Sputnik Mohamed Elmaazi, qui suit l'audience en continu.
BREAKING: Assange's Removal From Embassy Was Coordinated on 'Direct Orders From the US President', Court Told
— Mohamed Elmaazi (@MElmaazi) September 21, 2020
My review of the statement w/ comment from @CassandraRuleshttps://t.co/fNJHlUsdeu
Une information également confirmée par le rédacteur en chef de Wikileaks Kristinn Hrafnsson, qui a lui aussi rapporté ce 21 septembre à Ruptly depuis Londres le témoignage selon lequel Trump aurait «directement ordonné [à l'ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne de l'époque] de négocier l'arrestation avec les Equatoriens».
La déclaration de Cassandra Fairbanks fait état d'enregistrements de conversations téléphoniques que la journaliste américaine a obtenus en 2018 avec Arthur Schwartz, un consultant allié de Donald Trump, et qu'elle avait déjà rendus publics en 2019. Fait notable, comme le relève Sputnik le 21 septembre, Arthur Schwartz, riche donateur du Parti républicain, travaille comme conseiller informel de Donald Trump et cultive des liens étroits avec le haut diplomate américain Richard Grenell, ex-ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne.
«Enlèvement prémédité d'un réfugié politique»
«Schwartz [...] connaissait des détails très précis sur les futures poursuites contre Julian Assange [que] seuls ceux qui étaient alors très proches de la situation pouvaient connaître. Il m'a dit que ce serait dans le cadre de l'affaire "Manning" que [Julian Assange] serait accusé et [...] qu'ils allaient s'en prendre à Chelsea Manning. Ces deux prédictions se sont réalisées quelques mois plus tard», explique en outre Cassandra Fairbanks, dont le témoignage est rapporté par Sputnik. «Enlever un réfugié politique de l'ambassade équatorienne serait un acte de guerre», aurait tenté d'expliquer la journaliste américaine à son interlocuteur qui aurait alors répondu : «Pas si on nous laisse faire.»
Avec ce nouveau témoignage explosif, la défense de Julian Assange entend mettre à mal l'argumentation de la partie américaine, selon laquelle les accusations portées contre le fondateur de WikiLeaks sont motivées par des préoccupations de justice pénale et non politiques contre celui qui a révélé des crimes de guerre américains en Afghanistan et en Irak.
Julian Assange est incarcéré dans une prison britannique de haute sécurité depuis le 11 avril 2019. Initialement condamné à 50 semaines de prison pour ne pas avoir respecté les conditions de sa liberté provisoire en 2012, dans le cadre d'une enquête suédoise concernant une affaire sexuelle aujourd'hui classée sans suite faute de preuves, Julian Assange n'a jamais été relâché, du fait d'une demande d'extradition de la part des Etats-Unis, où il encourt 175 années de prison, notamment pour faits d'espionnage.
Fabien Rives