Loukachenko dit avoir une preuve que l'empoisonnement de Navalny est une «falsification»
Lors d'une rencontre avec le Premier ministre russe, le président biélorusse a assuré qu'une conversation compromettante entre Berlin et Varsovie aurait été interceptée. Moscou a fait savoir qu'il ne disposait pas encore d'informations à ce sujet.
Le président de la Biélorussie, Alexandre Loukachenko, a lancé ce 3 septembre de lourdes accusations contre des gouvernements occidentaux, et notamment l'Allemagne, dont le gouvernement affirme que l'opposant russe Alexeï Navalny a été empoisonné.
Au cours d'une rencontre à Minsk avec le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine, Alexandre Loukachenko a ainsi évoqué l'interception d'une conversation entre «Varsovie» et «Berlin» (sans préciser la fonction des interlocuteurs) par les renseignements biélorusses. Selon le dirigeant, il découlerait de cet enregistrement présumé que l'empoisonnement d'Alexeï Navalny serait une «falsification», toujours pour reprendre les termes employés par Alexandre Loukachenko.
«Il y a deux interlocuteurs qui disent clairement qu'il s'agit d'une falsification. Il n'y a eu aucun empoisonnement de Navalny. Un groupe de spécialistes, d'après ce que je comprends, a préparé des faits pour Merkel, pour l’administration allemande, et peut-être également la déclaration qu’elle a réalisée», a accusé le président biélorusse.
La chancelière allemande avait pris la parole le 2 août pour affirmer que seule la Russie «pouvait et devait» répondre aux questions posées par l'empoisonnement présumé qui était, selon elle, destiné à «réduire au silence» l'opposant.
Alexandre Loukachenko a assuré que les auteurs de la «falsification» présumée auraient affirmé dans leur conversation, avoir agi pour «apprendre à Poutine à ne pas mettre son nez dans les affaires de la Biélorussie».
Le 7 septembre, la Pologne et l'Allemagne ont démenti l'existence de cette conversation présumée.
Le Kremlin affirme ne pas avoir de détails
Le chef d'Etat biélorusse a promis de transmettre l'enregistrement, alors que le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, cité par Tass, a assuré ce 3 septembre en début d'après-midi ne pas encore avoir «de détails sur les données de Minsk selon lesquelles l'empoisonnement de Navalny aurait pu être falsifié».
Les propos d'Alexandre Loukachenko ont été diffusés dans un extrait vidéo de la chaîne Telegram Pul Pervogo, proche du pouvoir biélorusse, et sont également rapportés par l'agence de presse Belta.
Hospitalisé à Omsk, en Sibérie, après un malaise, l'opposant russe Alexeï Navalny a ensuite été transféré à l'hôpital berlinois de la Charité. Le gouvernement allemand a assuré que les tests médicaux auxquels l'homme politique avait été soumis montraient qu'il avait été empoisonné à l'aide d'un agent neurotoxique de type Novitchok.
Des conclusions qui contredisent les résultats des premiers tests réalisés par les médecins de Moscou et Omsk, ne faisant apparaître aucun empoisonnement. Tandis que plusieurs pays occidentaux, dont la France, ont haussé le ton envers les autorités russes, ces dernières ont pour leur part déploré que l'Allemagne n'ait pas répondu à la demande de coopération à l'enquête envoyée par la Russie il y a plusieurs jours. Moscou a par ailleurs dénoncé une nouvelle «campagne» antirusse.
Assurant ne voir «aucune raison» d'accuser la Russie, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a pour sa part fait valoir en conférence de presse le 3 septembre : «Je ne pense pas, de manière générale, que l'empoisonnement de cette personne pourrait être profitable à qui que ce soit [...] Nous aimerions que nos partenaires en Allemagne et dans d'autres pays européens ne fassent pas de jugements hâtifs.»