Dans un entretien accordée à la chaîne de télévision publique russe Rossia24 ce 27 août, Vladimir Poutine a fourni des détails sur la forme que prendrait le soutien sécuritaire russe aux autorités de la Biélorussie, en proie à une crise politique depuis la réélection du président Loukachenko.
Alexandre Grigoriévitch [Loukachenko] m'a demandé de constituer une certaine réserve d'agents des forces de l'ordre et je l'ai fait
«Alexandre Grigoriévitch [Loukachenko] m'a demandé de constituer une certaine réserve d'agents des forces de l'ordre et je l'ai fait», a déclaré le chef d'Etat russe, ajoutant immédiatement qu'il espérait «ne pas en arriver à cette nécessité».
«Nous avons convenu que je ne l'utiliserai pas jusqu'à ce que la situation soit hors de contrôle et que des éléments extrémistes [...] franchissent certaines limites : qu'ils mettent le feu à des voitures, des maisons, des banques, tentent d'occuper des bâtiments administratifs», a détaillé le président.
A propos de la crise biélorusse, Vladimir Poutine a exhorté «tous les participants à ce processus» à «trouver une issue». Le maître du Kremlin a souligné que la situation chez son voisin était «l'affaire de la société et du peuple biélorusses», ajoutant que Moscou se conduisait «de façon bien plus réservée et neutre que beaucoup d'autres pays, qu'ils soient européens ou américain».
Mi-août, Vladimir Poutine avait fait savoir à Alexandre Loukachenko que la Russie était prête à porter assistance à la Biélorussie en cas de nécessité dans le cadre de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), organisation politico-militaire destinée à garantir la sécurité dans la région, ou dans le cadre du traité concernant l'union de la Russie et de la Biélorussie
Situation politique tendue en Biélorussie
L'annonce de la réélection d'Alexandre Loukachenko avec quelque 80% des voix a déclenché dès le 9 août dans toutes les grandes villes du pays des manifestations de contestation des résultats du scrutin présidentiel biélorusse. Un mouvement de grève a également été déclenché dans le pays.
La police a réagi en procédant à des milliers d'arrestations dans les soirs qui ont suivi le scrutin. Des personnes libérées ont témoigné à l'AFP de privation d'eau ou de nourriture durant leur détention, ou encore de passages à tabac. L'AFP dénombre également trois morts dus à la répression des manifestations.
Le président Loukachenko a rapidement dénoncé les manifestations anti-gouvernementales en évoquant, notamment, «des appels à téléguider» les protestataires depuis l'étranger. A plusieurs reprises, il a suggéré que les manifestants contestant sa réélection étaient manipulés par des forces extérieures. En outre, les partisans du chef d'Etat réélu ont eux aussi organisé des mobilisations dans le pays.
Ce 27 août, une des figures de l'opposition, Maria Kolesnikova, a été convoquée par les enquêteurs biélorusses dans le cadre des poursuites déclenchées contre le «conseil de coordination» formé par l'opposition pour promouvoir une transition politique, dont elle est membre. Le même jour, les ambassadeurs à Minsk de l'Union européenne (UE) et des Etats membres ont signifié au chef de la diplomatie biélorusse que ces poursuites visant l'opposition étaient «inacceptables» et ont appelé le pouvoir à accepter le dialogue.
La Commission électorale centrale de la Biélorussie a rejeté toutes les plaintes au sujet d'une non-validité des résultats de l'élection présidentielle. Néanmoins, le 17 août, le président biélorusse a fait savoir qu'une nouvelle élection présidentielle pourrait se tenir si une nouvelle Constitution était adoptée par référendum.