Hospitalisation d'Alexeï Navalny : un «examen préliminaire» lancé par la police russe
La police russe a annoncé l'ouverture d'un «examen préliminaire» sur l'hospitalisation de l'opposant russe Alexeï Navalny, au sujet de laquelle des Etats occidentaux dénoncent un empoisonnement.
La Direction des transports du ministère russe de l'Intérieur pour le district fédéral de Sibérie a annoncé, ce 27 août, que les agents de son Département d'enquête avaient lancé un «examen préliminaire [...] en vertu de la procédure établie par le parquet des transports de Sibérie occidentale, en relation avec l'hospitalisation [de l'opposant russe] Alexeï Navalny le 20 août dans la ville d'Omsk». «Conformément à la législation en matière de procédures pénales, toutes les circonstances de l'incident sont en train d’être établies», ajoute le service de presse de cette administration locale.
La police des transports du district sibérien détaille les mesures qui ont d'ores et déjà été réalisées dans le cadre de cet examen préliminaire : «Une inspection de la chambre d'hôtel dans laquelle Alexeï Navalny a séjourné, ainsi que des lieux qu’il a traversés pendant son séjour, est en cours. Plus de 100 objets pouvant avoir valeur de preuve ont été saisis. Une analyse des données de vidéosurveillance a également été menée. Plus de 20 études criminalistiques (médico-légales, biologiques, physiques et chimiques) sont en cours. Pour le moment, ni substances à risque, ni stupéfiants n'ont été trouvés.»
Alexeï Navalny a été admis le 20 août en réanimation dans un hôpital d'Omsk après un malaise dans un avion qui devait le ramener à Moscou depuis Tomsk, en Sibérie. L'opposant russe y est resté deux jours avant d'être évacué vers l'Allemagne, son entourage pensant qu'il a été empoisonné et refusant de faire confiance à l'hôpital russe où il était traité. Alexeï Navalny reste dans un état grave et placé dans un coma artificiel.
Les Occidentaux ont enjoint la Russie à ouvrir une enquête «transparente»
Plusieurs gouvernements occidentaux ont appelé, ces derniers jours, la Russie à ouvrir une enquête «transparente» sur l'hospitalisation d'Alexeï Navalny, considérant que celui-ci avait été empoisonné, en se basant sur les déclarations des médecins de l'hôpital de Berlin où est soigné l'opposant russe. Or, la Russie a mis en garde contre les «formulations hâtives» au sujet d'un potentiel empoisonnement d'Alexeï Navalny. Le 26 août, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, avait ainsi rappelé que Moscou était opposé à ce que l'on «qualifie d’"empoisonnement" ce qui s’est passé sans que cela soit définitivement confirmé». «Comment peut-on parler d’un empoisonnement s’il n’y a pas d’agent toxique ?», avait-il fait valoir.
Les médecins allemands qui soignent l'opposant russe à Berlin ont annoncé le 24 août qu'il avait été intoxiqué par «une substance du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase», mais sans pouvoir préciser laquelle. Selon l'AFP, ces produits sont susceptibles d'être utilisés, à faible dose, contre la maladie d'Alzheimer mais peuvent être très dangereux et produire des agents neurotoxiques puissants en fonction du dosage.
Le parquet russe demande à l'Allemagne une aide judiciaire sur le dossier Navalny
Ce 27 août enfin, le parquet général de Russie a transmis une demande d’aide judiciaire aux autorités judiciaires compétentes d’Allemagne, dans le cadre de l’investigation menée par les services d'enquête du ministère russe de l'Intérieur au sujet l'hospitalisation d'Alexeï Navalny.
La justice russe prie la partie allemande de fournir «les explications, les informations et les preuves relatives aux diagnostics préliminaires qui ont été faits, ainsi que les documents concernant les données et les recherches médicales effectuées par des spécialistes allemands, tant pendant le transfert du citoyen russe de Russie en Allemagne que pendant son séjour à l’hôpital de la Charité».