RT France disparaît mystérieusement de la barre de recherche de Twitter
Début août, Twitter marquait au fer rouge les comptes de certains médias «affiliés à un Etat», dont RT France. Le réseau semble avoir franchi une nouvelle étape : la page de notre média s'avère désormais difficile à trouver sur la plateforme...
Twitter semble avoir une dent contre RT. Début août, le réseau social décidait d'infliger à certains médias, parmi lesquels RT France, un libellé indiquant : «média affilié à un Etat» et de réduire leur portée.
Ce 19 août, un nouveau phénomène semble pénaliser notre média sur la plateforme en ligne. Ainsi, lorsque nous avons entré «RT France» ce 19 août dans la barre de recherche de Twitter, sans être abonné à la page de RT France, cette dernière n'est pas apparue parmi les comptes suggérés par la plateforme. Seuls les comptes d'un journaliste de RT France et d'un syndicat au sein du média sont parvenus sur notre page lorsque nous avons tenté l'expérience...
En témoigne la capture d'écran ci-dessous :
Sputnik France semble frappé par le même problème :
En revanche, lorsque nous avons entré «France 24» dans la barre de Twitter, sans être abonné à la page du média public français, le compte de France 24 – et mêmes plusieurs comptes de ce média – est apparu tout de suite dans les propositions de recherche du réseau social :
De même, par exemple, pour la BBC :
Sputnik en anglais a constaté ce même phénomène, pénalisant Sputnik, RT, mais aussi les médias chinois Xinhua et Global Times.
Dans une tribune publiée sur le site de RT en anglais ce 19 août, la journaliste Helen Buyniski dénonce «le bannissement par Twitter de RT et d'autres médias liés à des Etats» – et y voit un aveu de faiblesse du récit médiatique américain mainstream.
RT déjà victime d'une mesure discriminatoire de la part de Twitter
Difficile de ne pas imaginer une action ciblée de Twitter contre certains médias, dans la mesure où la plateforme californienne a déjà adopté, il a deux semaines, des mesures discriminatoires à l'encontre de RT et Sputnik notamment.
Le 6 août, Twitter dévoilait sa décision de signaler par un libellé les «comptes de médias gouvernementaux ou affiliés à un Etat». Ces libellés permettent, affirmait Twitter, de fournir aux internautes «davantage de contexte» sur ces comptes. Or ce n'est pas tout : les médias ainsi labellisés ne bénéficient pas de recommandations de Twitter et leurs tweets ne seront pas amplifiés par la plateforme. En d'autres termes, leur portée est limitée par rapport à tous les autres comptes.
Pourquoi une telle mesure ? «Contrairement aux médias indépendants, les médias liés à un Etat utilisent fréquemment leur couverture de l'actualité à des fins politiques», se justifiait le réseau social, cité par l'AFP. Et d'ajouter : «Nous pensons que les gens ont le droit de savoir quand le compte d'un média est affilié directement ou indirectement à un acteur étatique.»
Mais quels sont, au juste, les comptes concernés ? «A l'heure actuelle, des libellés s'affichent sur les comptes Twitter concernés des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie)» indiquait le réseau social américain, et plus précisément :
- «les comptes gouvernementaux fortement engagés en matière de géopolitique et de diplomatie» ; «les entités médiatiques contrôlées par un Etat» ;
- «les individus, tels que les rédacteurs en chef ou les journalistes de premier plan, associés à des entités médiatiques contrôlées par un Etat».
Pourquoi alors RT, ou le média financé par l'Etat chinois CCTV, ont-ils droit à ce libellé, mais pas des médias financés par les Etats français, américain ou britannique ? «Les médias financés par les institutions étatiques mais jouissant d'une "indépendance éditoriale", comme la BBC ou NPR [...] ne seront pas concernés», rapportait l'AFP. En d'autres termes, Twitter se réserve le droit de désigner les médias jouissant d'une «indépendance éditoriale» et ceux qui n'en bénéficieraient pas... Selon quels critères, quels éléments, quels exemples ? Twitter ne le précise pas, laissant toute liberté d'interpréter cette différence de traitement comme une discrimination politique.
D'ailleurs, dans un communiqué, le département de l'information et de la presse du ministère russe des Affaires étrangères avait qualifié cet «étiquetage» de Twitter de «violation des principes démocratiques clés visant à garantir la libre-circulation de l'information et le libre-accès à celle-ci». Il faisait valoir que «les sources médiatiques occidentales recevant des fonds gouvernementaux» échappent à la labellisation, contrairement à des médias financés par l'Etat russe.