Tikhanovskaïa appelle à des «rassemblements pacifiques» anti-Loukachenko dans toute la Biélorussie
L'ex-candidate de l'opposition à la présidence biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa, qui conteste la réélection d'Alexandre Loukachenko, a appelé les maires de toutes les villes du pays à organiser le weekend du 15-16 août des rassemblements pacifiques.
L'ex-candidate de l'opposition à la présidentielle en Biélorussie Svetlana Tikhanovskaïa a appelé à la poursuite de manifestations «pacifiques de masse» tout au long du week-end, depuis la Lituanie qu'elle a rejoint en début de semaine après avoir subi, selon son entourage, des pressions. «Je demande aux maires de toutes les villes d’organiser le 15 et 16 août des rassemblements pacifiques dans chaque ville», a déclaré la candidate malheureuse à la fonction suprême dans une vidéo diffusée le 14 août sur sa chaîne YouTube.
Ça me fait mal de voir ce qui se passe dans notre pays ces derniers jours
«Nous [les opposants] avons toujours dit qu’il ne fallait défendre notre choix qu’en utilisant des moyens légitimes et non violents, mais les autorités ont transformé les manifestations pacifiques de nos citoyens en un bain de sang. La situation est critique. Ça me fait mal de voir ce qui se passe dans notre pays ces derniers jours», a regretté l'ex-candidate à la présidentielle qui a également appelé les autorités à «mettre fin à la violence dans les rues des villes biélorusses» et à passer au dialogue.
Depuis la fin du scrutin du 9 août, Tikhanovskaïa revendique la victoire à la présidentielle et demande au chef d'Etat Alexandre Loukachenko, réélu pour le sixième mandat consécutif, de céder la place. Elle dénonce notamment des fraudes massives à travers le pays lors du vote anticipé qui s'est déroulé dans la semaine précédant le 9 août. Selon les données officielles publiées ce 14 août par la Commission électorale centrale, Svetlana Tikhanovskaïa, candidate la mieux placée sur les quatre de l'opposition, a obtenu 10,12% des voix ; le chef d'Etat sortant a obtenu lui 80,1% des voix. La Commission électorale centrale de la Biélorussie a rejeté toutes les plaintes au sujet d'une non-validité des résultats de l'élection présidentielle.
Svetlana Tikhanovskaïa a également annoncé qu'elle allait lancer un «Conseil de coordination» pour assurer un transfert du pouvoir en Biélorussie, tout en soulignant qu'elle était ouverte au dialogue. «Je déclare que nous sommes prêts à dialoguer avec les autorités. Compte tenu de ce qui se passe dans le pays et de la nécessité de prendre des mesures urgentes pour restaurer l'état de droit en Biélorussie, moi, Svetlana Tikhanovskaïa, je lance la création d'un Conseil de coordination pour assurer le transfert de pouvoir», a-t-elle ainsi affirmé, citée par l'agence RIA Novosti.
Plus de 2 000 manifestants libérés
L'annonce de la réélection d'Alexandre Loukachenko a déclenché dès dimanche 9 août des manifestations dans toutes les grandes villes du pays, la police a réagi en procédant à des milliers d'arrestations. La répression de ces manifestations, indique l'AFP, a également fait «un nombre inconnu de blessés ainsi que deux morts».
Selon le ministère de l'Intérieur de la République biélorusse, plus de 2 000 personnes interpellées lors de manifestations ont été libérées, au 14 août. «Ce processus se déroule sans interruption, il est en cours à l'heure actuelle. Nous comprenons que cela ne se fait pas aussi vite que nous le souhaiterions mais nous faisons tout notre possible pour résoudre cette situation», a ainsi déclaré le service de presse du ministère de l'Intérieur.
Loukachenko met en garde sur les répercutions économiques des grèves d'usines
Si la situation est tendue en Biélorussie depuis le scrutin, les apparitions publiques du président Loukachenko se sont faites rares, alimentant des rumeurs sur son éventuel départ du pays.
Des rumeurs démenties par le chef de l'Etat qui a annoncé ce 14 août lors d'une réunion sur l'industrie de la construction, qu'il était «vivant et non à l’étranger».
En outre, il a mis en garde contre les conséquences négatives des grèves qui touchent les grandes entreprises du pays. Ainsi, selon Alexandre Loukachenko, les grèves pourraient entraîner une perte de recettes d'exportation qui ne serait profitables qu'aux concurrents étrangers de la Biélorussie, en Allemagne, au Canada, en Russie et aux États-Unis, selon des propos rapportés par l'agence Belta.
Plus tôt ce 14 août, des centaines d'ouvriers des usines de tracteurs MTZ et d'automobile MAZ (camions et autobus), situées dans la capitale biélorusse Minsk, se sont mis en grève pour dénoncer la brutalité avec laquelle s'est exercée, selon eux, la répression des manifestations dénonçant la réélection d'Alexandre Loukachenko.