Emmanuel Macron rappelle au Liban «l'exigence» française de «réformes indispensables»
Emmanuel Macron a annoncé vouloir «organiser» la coopération internationale pour aider le Liban. En même temps, il a rappelé «l'exigence» française de «réformes indispensables dans certains secteurs», dont la lutte anti-corruption.
Arrivé au Liban ce 6 août, le président de la République française a annoncé qu'il voulait «organiser l'aide internationale» pour ce pays, deux jours après les explosions meurtrières dans le port de Beyrouth, qui ont dévasté des quartiers entiers de la capitale et fait, selon un dernier bilan officiel, au moins 137 morts et plus de 5 000 blessés. «Nous aiderons à organiser dans les prochains jours des soutiens supplémentaires au niveau français, au niveau européen», a déclaré le chef de l'Etat, ajoutant : «Je souhaite organiser la coopération européenne et plus largement la coopération internationale.»
Sur une note plus politique, Emmanuel Macron a tenu à souligner que le Liban, frappé par une grave crise politique et économique outre la récente catastrophe, «continuera de s'enfoncer» sans la mise en place de «réformes indispensables».
Aujourd'hui la priorité c'est l'aide, le soutien à la population, sans condition. Mais [il y a] l'exigence que la France porte depuis des mois, pour ne pas dire des années, [...] de réformes indispensables dans certains secteurs
«Aujourd'hui la priorité c'est l'aide, le soutien à la population, sans condition. Mais [il y a] l'exigence que la France porte depuis des mois, pour ne pas dire des années, [...] de réformes indispensables dans certains secteurs, on le sait – l'énergie, les marchés publics, la lutte contre la corruption», a ainsi déclaré à la presse le dirigeant français, à son arrivée à Beyrouth. «Si ces réformes ne sont pas faites, le Liban continuera de s'enfoncer», a-t-il mis en garde.
Mélenchon met en garde Macron contre une «ingérence dans la vie politique du Liban»
Au sein de l'opposition française, le chef de file de la France insoumise (LFI) a mis en garde, ce 6 août également, contre toute «ingérence» de Paris dans les affaires libanaises. «Je mets en garde contre une ingérence dans la vie politique du Liban. Elle ne sera pas acceptée. Le Liban n’est pas un protectorat français», a-t-il écrit sur Twitter, alors que le chef d'Etat s'exprimait devant la presse à son arrivée dans la capitale libanaise.
Je mets en garde les Libanais à propos des réformes de Macron : protégez les revendications de votre révolution citoyenne
«Je mets en garde les Libanais à propos des réformes de Macron : protégez les revendications de votre révolution citoyenne», a ajouté le député des Bouches-du-Rhône.
Je mets en garde contre une ingérence dans la vie politique du #Liban. Elle ne sera pas acceptée. Le Liban n’est pas un protectorat français. je mets en garde les Libanais à propos des réformes de Macron : protégez les revendications de votre révolution citoyenne.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) August 6, 2020
Jean-Luc Mélenchon avait salué le 5 août l'envoi par la France d'une assistance au Liban, rappelle l'AFP, y voyant «une très bonne chose». «Mais la visite officielle [d'Emmanuel Macron] risque plutôt d'embarrasser et de désorganiser», avait-il ajouté.
Du côté du Rassemblement national (RN) aussi, les propos d'Emmanuel Macron à l'égard du Liban ont été épinglés. «A peine arrivé au Liban, Macron se prend pour le Président de la République libanaise : il donne des leçons et prétend, à lui seul, organiser la coopération européenne et internationale. L'immense malheur des uns révèle la grande vanité de certains», a ainsi tweeté l'eurodéputé Gilbert Collard.
A peine arrivé au #Liban, #Macron se prend pour le Président de la République libanaise : il donne des leçons et prétend, à lui seul, organiser la coopération européenne et internationale. L'immense malheur des uns révèle la grande vanité de certains.https://t.co/xF4MnAPl26
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) August 6, 2020