Turquie : visite symbolique d'Erdogan à Sainte-Sophie après sa conversion en mosquée
- Avec AFP
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a effectué dimanche 19 juillet une visite symbolique dans l'ex-basilique Sainte-Sophie d'Istanbul, la première depuis l'annonce, la semaine dernière, de la transformation de cet édifice en mosquée.
La visite était brève, mais symbolique. Le chef d'Etat turc Recep Tayyip Erdogan a observé les travaux à l'intérieur de l'ex-basilique Sainte-Sophie à Istanbul, une semaine après l'annonce officielle de la conversion en mosquée de cet édifice (qui a été tour à tour basilique byzantine, mosquée ottomane puis musée turc).
La présidence turque a publié des photos de cette visite, sur lesquelles on voit des échafaudages.
Ayasofya... pic.twitter.com/SqXRX3N5WG
— Recep Tayyip Erdoğan (@RTErdogan) July 19, 2020
Cette visite intervient à quelques jours de la première prière musulmane à Sainte-Sophie depuis sa conversion, prévue vendredi 24 juillet. Recep Tayyip Erdogan doit y prendre part.
La semaine dernière, le plus haut tribunal administratif de Turquie a révoqué une décision gouvernementale datant de 1934, conférant à Sainte-Sophie le statut de musée. Aussitôt cette décision rendue publique, le président Erdogan a annoncé la transformation de Sainte-Sophie en mosquée.
Selon l'Autorité des affaires religieuses (Diyanet), 500 personnes participeront à la première prière collective vendredi à l'intérieur de Sainte-Sophie.
Les icônes chrétiennes qui ornent l'intérieur de l'ancienne basilique byzantine seront dissimulées le temps de la prière, a expliqué dimanche 19 juillet le porte-parole de Recep Tayyip Erdogan, Ibrahim Kalin. «Il n'y aura pas de système d'éclairage. Nous sommes en train de travailler sur un système de rideaux [...] Notre but, c'est d'éviter de nuire aux fresques, aux icônes ou à l'architecture historique de l'édifice», a-t-il déclaré lors d'une interview avec la chaîne d'information NTV. Ces ornements datant de l'époque byzantine resteront bien visibles en dehors des prières, a insisté Ibrahim Kalin, alors que la décision de convertir Sainte-Sophie en mosquée a suscité des inquiétudes quant à l'avenir de l'iconographie chrétienne.
Œuvre architecturale majeure construite au VIe siècle, Sainte-Sophie est un site classé au patrimoine mondial par l'Unesco, et l'une des principales attractions touristiques d'Istanbul.
Convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, elle a été transformée en musée en 1934 par le dirigeant de la jeune République turque, Mustafa Kemal, qui voulait «l'offrir à l'humanité».
Une conversion en mosquée suscitant des remous à l'étranger
La décision de la restituer au culte musulman a suscité des critiques à l'étranger, notamment en Grèce, pays qui suit de près le sort du patrimoine byzantin en Turquie.
Le pape François s'est également dit «très affligé» par cette reconversion. Du côté des chrétiens orthodoxes, le patriarche Bartholomée de Constantinople avait averti le mois dernier que la transformation de Sainte-Sophie en mosquée pourrait «tourner des millions de chrétiens dans le monde contre l'islam». Le patriarche russe Kirill avait quant à lui dénoncé «toute tentative d'humilier ou de piétiner l'héritage spirituel millénaire de l'Eglise de Constantinople».