Viktor Orban accuse les Pays-Bas de vouloir «punir financièrement» la Hongrie
Le Premier ministre hongrois accuse son homologue néerlandais de militer pour que les Européens conditionnent le versement d'aides financières post-Covid au respect des principes d'Etat de droit – avec Budapest dans le viseur.
«Je ne sais pas pour quelle raison personnelle le Premier ministre néerlandais me déteste moi ou la Hongrie. Mais il attaque si durement. Et il dit très clairement que parce que la Hongrie, selon lui, ne respecte pas l'Etat de droit, elle doit être punie financièrement», a déploré ce 19 juillet Viktor Orban. Le chef du gouvernement hongrois accuse son homologue néerlandais Mark Rutte d'insister, dans le contexte des négociations européennes visant à définir un plan de relance, afin d'introduire un lien entre «Etat de droit» et versement de nouvelles aides européennes.
La Commission européenne, rappelle l'AFP, a proposé de créer un lien direct entre le versement des aides européennes prévues dans le fonds de relance et l'Etat de droit. La Hongrie, mais également la Pologne et la Slovénie s'opposent à cette idée.
Budapest estime qu'il existe dans les traités européens d'autres mécanismes permettant de garantir l'Etat de droit. En outre, Viktor Orban fait valoir que la procédure dite «de l'article 7» du traité sur l'Union européenne – déclenchée par le Parlement européen et soulevant l'hypothèse que la Hongrie violerait les principes sur lesquels sont fondés l'UE – était toujours en cours. Partant, la position attribuée à Mark Rutte n'est «pas acceptable», selon le Premier ministre hongrois. Enfin, de l'avis de Viktor Orban, la création d'un «nouveau mécanisme» exigerait «des semaines de négociations», car il faudrait modifier les traités. Or, les négociations entre Européens sur un plan de relance post-coronavirus massif patinaient toujours ce dimanche 19 juillet, au troisième jour d'un sommet européen laborieux à Bruxelles.
La question de la conditionnalité de l'aide au respect de l'Etat droit a été discutée le soir du 18 juillet, pendant le dîner entre les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, selon l'AFP. De source diplomatique citée par la même agence, Mark Rutte et la Première ministre finlandaise Sanna Marin ont vigoureusement défendu cette idée.
En tout état de cause, c'est loin d'être la première fois que le gouvernement hongrois dénonce l'attitude de partenaires européens à son égard. En mai dernier, Budapest avait convoqué les ambassadeurs de cinq pays nordiques, accusés de diffuser de fausses informations sur la Hongrie. En cause : l'Islande, la Suède, le Danemark, la Norvège et la Finlande s'étaient dits inquiets pour la démocratie dans le pays d'Europe centrale, où les pouvoirs du gouvernement avaient été étendus pour affronter l'épidémie de coronavirus. L'état d'urgence sanitaire hongrois, qui était dans le collimateur de ces pays nordiques, avait par la suite été levé, après plus de deux mois d'application.
Procédure lancée par le Parlement européen pour risque de «violation grave» des valeurs de l'UE
La procédure de l'article 7 du traité sur l'UE, qui peut en théorie déboucher sur une suspension des droits de vote d'un pays, a été lancée par le Parlement européen contre la Hongrie en septembre 2018. Les eurodéputés avaient alors exprimé leurs «préoccupations» concernant les libertés et valeurs de l'UE dans le pays dirigé par Viktor Orban, dans des secteurs tels que la presse, les universités, les droits des minorités et des migrants, ainsi que l'indépendance de la justice.
Nous sommes cloués au pilori pour notre rejet de l'immigration de masse
Entres autres déclarations gouvernementales, la ministre hongroise de la Justice Judit Varga avait commenté en octobre 2019 ces accusations en ces termes, rapportés par l'AFP : «Une fois de plus, nous sommes cloués au pilori pour notre rejet de l'immigration de masse», qualifiant la résolution du Parlement européen de «politiquement motivée, partiale et factuellement incorrecte sur beaucoup d'aspects», et jugeant ses «conclusions injustifiées».
Cette même procédure a également été enclenchée contre la Pologne, cette fois à l'initiative de la Commission.