Bolivie : manifestation à La Paz contre le gouvernement de la présidente par intérim Jeanine Anez

Bolivie : manifestation à La Paz contre le gouvernement de la présidente par intérim Jeanine Anez© David Mercado Source: Reuters
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Manifestation de protestation organisé par des syndicats de travailleurs boliviens contre le gouvernement par intérim de la présidente Jeanine Anez, à La Paz, Bolivie, le 14 juillet 2020.
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Quelque 4 000 personnes ont manifesté dans la capitale bolivienne contre les politiques menées par la présidente par intérim Jeanine Anez et son gouvernement. Ils dénoncent les inégalités sociales et réclament des élections générales immédiates.

Défiant la quarantaine imposée pour lutter contre le coronavirus, des milliers de personnes ont manifesté le 14 juillet à La Paz pour protester contre les politiques de santé, d'éducation et de travail de la présidente par intérim de droite, Jeanine Anez, jugées inégalitaires par certains.

Organisée à l'appel du syndicat Central Obrera Boliviana (COB), c'est la manifestation la plus importante depuis le début de l'épidémie de Covid-19 en mars. La COB est une organisation proche du parti du Mouvement vers le socialisme (MAS) de l'ancien président socialiste, Evo Morales, poussé à la démission en novembre 2019.

La marche a rassemblé quelque 4 000 personnes, selon les estimations des journalistes. Les manifestants ont parcouru environ 12 kilomètres de la ville d'El Alto à La Paz, siège du pouvoir politique, toutes deux placées en quarantaine en raison de la pandémie.

S'adressant aux manifestants, le chef de la COB, le mineur Juan Carlos Huarachi, a déclaré, repris par l'AFP : «Nous soutenons la mobilisation des enseignants ruraux et urbains contre l'éducation virtuelle et nous demandons la démission du ministre [de l'éducation] Víctor Hugo Cárdenas.» Le syndicat considère en effet un récent plan d'enseignement virtuel, lancé le mois dernier par le gouvernement, comme discriminatoire à l'encontre de vastes secteurs ruraux qui ne disposent pas de suffisamment d'équipements numériques et, dans de nombreux cas, même pas d'accès à internet.

Depuis la proclamation de l'urgence sanitaire en mars, les cours ont été suspendus et plusieurs écoles, notamment privées, ont mis en place un enseignement virtuel. Mais les zones rurales et les quartiers pauvres des villes souffrent d'un manque d'accès à internet ou à des équipements adéquats. «Nous demandons un accès gratuit à internet car il y a des enfants qui n'ont pas de téléphone portable avec internet et ne peuvent pas étudier» à la maison, a expliqué à l'AFP Feliciana Quesucala, 46 ans, résidente d'El Alto.

Les manifestants réclament des élections

Les manifestants ont en outre dénoncé «la situation de la santé et de l'éducation de même que le licenciement massif dont souffrent les travailleurs» en raison de la dépression économique, a expliqué un autre responsable syndical, Gustavo Arce, cité par l'agence de presse. Les protestataires estiment que la présidente de transition Jeanine Anez doit résoudre les urgences de la crise sanitaire et économique, mais la COB a averti, par la voix de Juan Carlos Huarachi, s'adressant toujours à l'AFP, que le peuple bolivien en général voulait «discuter des politiques d'une véritable relance de l'économie avec un gouvernement démocratiquement élu».

«Que voulons-nous ? Des élections maintenant», ont ainsi scandé à plusieurs reprises les manifestants, se référant aux élections générales du 6 septembre, que la présidente Anez a tenté de reporter en raison de la pandémie. L'autoproclamée présidente, cinq de ses ministres, ainsi que la présidente du Congrès, Eva Copa, et d'autres hauts fonctionnaires ont contracté le coronavirus. A ce jour, la Bolivie compte 49 000 cas de contamination au Covid-19 pour 1 886 décès.

Sous la pression de l'armée et de la police qui se sont retournés contre lui, l'ancien président Evo Morales avait démissionné le 10 novembre 2019. Le vide du pouvoir a alors été comblé par la deuxième vice-présidente du Sénat, Jeanine Anez, qui s'est proclamée présidente par intérim, amenant une politique en totale rupture avec celle de son prédécesseur, tant sur les questions intérieures que sur le volet des relations internationales. L'ancien président, qui ne cesse de dénoncer un «coup d'Etat», vit désormais en exil en Argentine. Depuis ce pays, il participe à la campagne du MAS pour les élections de septembre 2020, et pour lesquelles l'ancien ministre de l'Economie, Luis Arce, brigue la présidence avec son soutien.

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