La popularité des dirigeants européens à l'épreuve de la pandémie
Comment l'opinion publique a-t-elle évolué au cours de ces derniers mois de pandémie vis-à-vis de ses dirigeants et de leur gestion de la crise ? En France, en Allemagne et au Royaume-Uni, les sondages révèlent des situations différentes.
La France, l'Italie, l'Espagne ou encore le Royaume-Uni ont été fortement touchés par l'épidémie de Covid-19. Pour autant, les dirigeants de ces pays et leurs actions n'ont pas été jugés de la même manière par leur population, à en croire les enquêtes d'opinion. Tour d'horizon.
Philippe plus populaire que Macron
En cette fin juin, en France, la popularité d'Emmanuel Macron se redresse de quatre points, selon un sondage Odoxa diffusé le 23 juin. Avec 39% d'opinions positives, le chef de l'Etat français retrouve son niveau d'avant l'épidémie de Covid-19.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, voit aussi sa popularité renforcée : il poursuit son ascension entamée au début de la crise sanitaire en France avec 48% d'opinions favorables, selon la même enquête.
Concernant l'appréciation de la gestion gouvernementale de l'épidémie, l'institut de statistiques YouGov, qui a mesuré son évolution dans plusieurs pays sur quatre mois, fait état de 48% de taux de satisfaction des sondés français au 11 mars, soit la veille du confinement, contre 33% au moment du déconfinement le 11 mai. La confiance des Français dans la gestion de la crise est ensuite remontée à 41% le 19 juin.
Renforcée, Merkel ne briguera pas de cinquième mandat
En Allemagne, où la situation épidémique a été moins dramatique que dans l'Hexagone, Angela Merkel, dont le mandat s'achève en 2021, a assuré début juin qu'elle n'envisageait «vraiment pas» de cinquième candidature à la chancellerie allemande, malgré sa popularité qui atteint des sommets. Interrogée sur la chaîne publique ZDF au sujet d'une éventuelle nouvelle candidature, elle a répondu : «Non, vraiment pas. Très fermement».
Son parti semble néanmoins bénéficier de sa bonne gestion de la situation : la formation conservatrice CDU, qui doit élire un nouveau dirigeant à la fin de l'année, est en tête dans les sondages, selon l'AFP. D'après YouGov, la confiance des Allemands en leur gouvernement sur la gestion de la crise est passée de 51% le 16 mars à 71% d'opinions favorables le 23 juin.
Boris Johnson très critiqué
Alors que les conservateurs avaient triomphé lors des législatives de décembre 2019 autour de la promesse de mise en œuvre du Brexit, le Premier ministre, Boris Johnson, est désormais très critiqué pour avoir tardé à agir au début de la pandémie. Des sondages montrent à cet égard que les Britanniques ont perdu confiance dans la capacité du gouvernement à gérer la crise sanitaire.
En Europe, aucune autre nation scrutée par l'institut statistique YouGov n'a en effet connu une baisse aussi substantielle du soutien à son gouvernement que le Royaume-Uni, passant de 55% d'opinions favorables concernant la gestion de la crise début mars à 43% fin juin.
Le gouvernement de Boris Johnson doit maintenant gérer la délicate question du redémarrage d'une économie très affaiblie sans aggraver encore le plus lourd bilan en Europe. Le Royaume-Uni enregistre en effet près de 43 000 morts liés au Covid-19. C'est dans cette situation sensible que Boris Johnson a annoncé le 23 juin la fin de «l'hibernation» du confinement pour le 4 juillet, avec la réouverture très attendue des pubs, ainsi que des restaurants, coiffeurs, musées et cinémas, fermés depuis fin mars. Au lendemain de cette annonce, les professionnels de santé ont exhorté la classe politique britannique à préparer le Royaume-Uni au «vrai risque» d'une seconde vague d'infections du coronavirus.
En Italie, la gestion de Conte reste populaire
En Italie, bien que le pays ait été durement touché par la maladie, la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement de Giuseppe Conte ne semble pas vivement décriée. La courbe de YouGov ne fait état que d'un recul de quatre points. Le 11 mars, le gouvernement recueillait 69% d'opinions favorables contre 65% le 17 juin.
Si rien n'est encore acté au niveau de l'UE, la Commission européenne a proposé fin mai un plan de relance post-coronavirus de 750 milliards d'euros, soit 500 milliards de subventions non remboursables et 250 milliards sous forme de prêts. Sur cette somme, l'Italie, épicentre initial de la pandémie en Europe avec près de 34 500 morts, devrait bénéficier de 172 milliards d'euros, alors que son économie, la troisième de la zone euro, est aujourd'hui à genoux.
Pour cela, l'exécutif italien doit élaborer un plan très détaillé qui sera présenté en septembre à Bruxelles. Les grandes priorités en ont déjà été définies par le gouvernement Conte, qui a ouvert des «états généraux» sur le sujet. Interrogé par l'AFP sur la bonne utilisation des fonds et les risques de détournement, le chef du gouvernement s'est voulu rassurant : «Nous sommes en train de réformer le pays, nous réalisons des réformes structurelles […] Nous insérerons un protocole encore plus sévère contre la mafia et la criminalité.»
Le Premier ministre italien, dont les larmes en direct à la télévision, quand le bilan des décès explosait début avril, avaient ému les Italiens, a confié : «Le souvenir le plus douloureux, ce sont sûrement les premiers décès et le nombre élevé de victimes.» «Le Covid-19 a frappé les plus vulnérables, les plus anciens. Il s'agissait de nos parents, ceux qui ont reconstruit le pays au lendemain de la guerre, ceux qui ont réalisé le miracle économique des années 1960, ceux qui ont permis de construire ce "Made in Italy" apprécié à travers le monde», avait-il déploré.
Hausse spectaculaire pour Pedro Sanchez
Si on en croit la courbe YouGov, le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez a bénéficié d'une hausse spectaculaire du taux de satisfaction concernant sa gestion de la crise, passant de 35% d'avis favorables le 12 mai à 50% le 18 juin.
Le 25 juin, gouvernement, syndicats et patronat espagnols ont annoncé avoir conclu un accord pour prolonger jusqu'à fin septembre le financement des plans de chômage partiel provoqués par la crise du coronavirus. Le plus large financement des plans de chômage partiel, qui devait s'achever fin juin, a été l'une des principales mesures du gouvernement de Pedro Sanchez pour soutenir l'économie durement frappée par la crise sanitaire. Le gouvernement avait alors exigé des entreprises qu'aucun emploi ne soit supprimé durant six mois après le chômage partiel, mais des dérogations étaient prévues.
L'Espagne rendra un hommage national aux 27 000 victimes du coronavirus le 16 juillet en présence de hauts dirigeants de l'UE et du directeur général de l'OMS, a annoncé Pedro Sanchez le 24 juin. Deux jours plus tard, le gouvernement espagnol avait décrété dix jours de deuil national en mémoire des victimes de la pandémie.