Venezuela : un tribunal londonien ne sait pas s'il doit rendre l'or du pays à Maduro ou à Guaido

- Avec AFP

Venezuela : un tribunal londonien ne sait pas s'il doit rendre l'or du pays à Maduro ou à Guaido© Carlos Garcia Rawlins / Miraflores Palace Source Source: Reuters
Photomontage avec Nicolas Maduro à gauche et Juan Guaido à droite. (image d'illustration)
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Un tribunal londonien, chargé de statuer sur le procès intenté par la Banque centrale vénézuélienne contre celle d'Angleterre pour que le pays latino-américain récupère son or, se trouve dans un dilemme qu'il juge insoluble.

Qui est le représentant légitime du Venezuela ? C'est le casse-tête que s'impose un tribunal commercial londonien pour savoir à qui, de Nicolas Maduro ou de Juan Guaido, la Grande-Bretagne doit rendre l'or du Venezuela. 

Le tribunal a renvoyé ce 25 juin sa décision concernant le représentant légitime de la république vénézuélienne, à l'issue de quatre jours d'audience sur le devenir de l'or du pays entreposé à Londres. «Je le ferai évidemment dès que possible, mais je ne suis pas en mesure pour l'instant de vous dire précisément quand», a fait savoir à l'issue des audiences le juge Nigel Teare, qui doit arbitrer entre l'administration du président Nicolas Maduro et l'opposant Juan Guaido, reconnu comme président par intérim par une soixantaine de pays, dont le Royaume-Uni. Si un tribunal commercial londonien a hérité de cette mission éminemment sensible, c'est du fait d'un conflit opposant la Banque centrale du Venezuela (BCV) à celle d'Angleterre (BoE), concernant des réserves d'or du pays d'Amérique du Sud, entreposées à Londres.

Depuis la reconnaissance de l'opposant Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale du Venezuela, en tant que président par intérim du pays en février 2019, la Banque d'Angleterre a systématiquement refusé à Caracas de lui rendre une partie de ses réserves d'or. Le Venezuela a effectué plusieurs demandes pour récupérer l'équivalent d'un milliard de dollars (environ 891 millions d'euros) de lingots, tandis que Juan Guaido, autoproclamé président du pays, sans aucune élection à son actif, a écrit à deux reprises à la BoE pour lui enjoindre de rejeter ces demandes de Caracas.

Face aux refus de la BoE, la Banque centrale du Venezuela a donc fini par assigner la Banque d'Angleterre devant un tribunal, faisant valoir qu'elle avait besoin de ces fonds pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Selon l'avocat Nick Vineall, qui représente Calixto Ortega, le président de la Banque centrale du Venezuela (BCV), le Royaume-Uni continue de reconnaître le président Maduro, notamment à travers ses relations diplomatiques, et les propos du ministre des Affaires étrangères de l'époque, qui avait soutenu Juan Guaido, ne changent rien.

Pour Diego Moya-Ocampos, spécialiste des Amériques pour le cabinet IHS Markit, interrogé par l'AFP, il est vrai que la reconnaissance de Juan Guaido par Londres s'est faite «de manière un peu ambiguë». Andrew Fulton, l'avocat du conseil d'administration alternatif de la BCV nommé par Juan Guaido et invalidé par la Cour suprême, a, de son côté, fait valoir que le rôle de l'opposant et celui de l'Assemblée nationale étaient de «protéger les actifs et s'assurer qu'ils ne soient pas dilapidés par le régime kleptocratique de Maduro». 

«Alors que des vies sont en jeu, il n'est pas temps d'essayer de "marquer des points politiques". [...] La Banque d'Angleterre a l'obligation morale de permettre au Venezuela de vendre l'or du pays afin de permettre au Pnud d'aider efficacement la population vénézuélienne dans la lutte contre le Covid-19», a souligné Sarosh Zaiwalla, l'avocat du cabinet représentant Caracas. Asphyxié par les sanctions étatsuniennes et subissant de plein fouet l'épidémie de coronavirus, le Venezuela avait en effet déposé en mai une plainte contre la Banque d'Angleterre afin que celle-ci lui restitue une partie des réserves d'or, qu'elle détient. Afin de prouver sa bonne foi, la BCV avait proposé en avril que l'or soit transféré directement au Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), qui s'est dit disposé à l'envisager sous conditions.

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