Une statue de Baden-Powell, fondateur du scoutisme, provoque des tensions en Angleterre
- Avec AFP
Une statue du fondateur du scoutisme Robert Baden-Powell, située dans un port du sud de l'Angleterre, doit être retirée pour éviter qu'elle ne soit la cible de militants antiracistes. Mais des habitants se sont regroupés pour la protéger.
Un groupe de défenseurs de Baden-Powell s'est formé au matin du 11 juin à Poole (Dorset) autour de la statue que le conseil local a décidé de déboulonner, craignant qu'elle ne finisse à l'eau, comme celle du marchand d'esclaves Edward Colston, à Bristol. Le monument avait été arraché de son piédestal à la suite d'une manifestation dénonçant la mort de George Floyd, un Américain noir asphyxié par un policier blanc aux Etats-Unis.
A statue of a 17th-century slave trader was toppled in the UK city of Bristol as protests against police brutality and racism continued for a second day pic.twitter.com/KcQa2ApdwQ
— Reuters (@Reuters) June 7, 2020
Les détracteurs de Baden-Powell (1857-1941) l'accusent de racisme, d'homophobie et de liens avec le régime nazi. Mais ses défenseurs soulignent son rôle dans la création des Scouts, organisation synonyme d'entraide, qui affiche plus de 54 millions de membres dans le monde. «Il a eu un mauvais passé mais c'est le fondateur des scouts qui est une super organisation et c'est ridicule de se débarrasser de lui», explique à l'agence de presse PA Sharon Warne, 53 ans, préférant qu'on ajoute plutôt des panneaux d'information détaillant les aspects positifs et négatifs du personnage.
«Je suis là, je vais me battre pour lui !», clame un habitant venu défendre la statue.
"I'm here, I will fight for him."
— SkyNews (@SkyNews) June 11, 2020
Poole residents have vowed to defend a statue of Scouts founder Robert Baden-Powell, who campaigners have accused of racism and links to the Nazis.
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Les autorités locales avaient annoncé leur décision de retirer le monument installé en 2008 pour permettre aux «opinions divergentes» de s'exprimer et «minimiser le désordre public», après le déboulonnage de la statue de Colston.
Ces faits illustrent les tensions entourant la question des symboles du passé colonial britannique dans l'espace public, relancées par la vague d'indignation en corollaire de la mort de George Floyd. Si certains voient dans ces monuments une glorification de crimes du passé, d'autres voient dans leur retrait une manière d'effacer l'histoire sans s'attaquer aux causes du racisme. Quelques jours après le déboulonnage de Bristol, une autre statue, celle du marchand d'esclaves Robert Milligan (1746-1809), dont une pétition demandait le retrait, avait été enlevée à la hâte dans le quartier des Docklands à Londres. Le maire travailliste de Londres Sadiq Khan a annoncé la création d'une commission pour que les statues et noms des rues reflètent davantage la diversité de la ville. A Oxford, des milliers de manifestants ont exigé le 9 juin le déboulonnage de la statue du magnat minier et homme politique colonisateur Cecil Rhodes.
Jetée dans le port fluvial de Bristol, la statue d'Edward Colston a finalement été repêchée le 11 juin dans la matinée. «Elle a été transportée dans un endroit sûr avant d'intégrer plus tard les collections de nos musées», a tweeté le conseil municipal de Bristol.
Early this morning we retrieved the statue of Colston from Bristol Harbour. It is being taken to a secure location before later forming part of our museums collection. pic.twitter.com/moRG8AnNYa
— Bristol City Council (@BristolCouncil) June 11, 2020
Elle sera exposée aux côtés de pancartes du mouvement Black Lives Matter (BLM), collectées lors des récentes manifestations, afin d'expliquer l'histoire de l'esclavage jusqu'aux combats actuels contre le racisme. Quant à son éventuel successeur sur le piédestal laissé vide, la décision sera prise à l'issue d'une consultation populaire. Des militants d'extrême droite prévoient de manifester le 13 juin à Londres autour d'une statue de Winston Churchill, où a été tagué le week-end dernier le mot «raciste» en marges de manifestations antiracistes.