«Pourquoi j’ai honte d’être blanche» : un média belge efface une tribune polémique
Un quotidien belge a supprimé le contenu de l'un de ses articles, après que son auteure, une jeune étudiante, a subi une vague d'insultes. Réagissant à l'affaire George Floyd, celle-ci y martelait avoir «honte d'être blanche».
«J’ai honte d’être blanche, retenez bien ça» : telle était la conclusion d'une étudiante de sciences politiques de 18 ans de l'Université de Liège, dans une tribune publiée le 9 juin par le quotidien belge La Libre. Le texte, qui se voulait l'aveu d'un mal-être, s'inscrivait en réaction à la mort de l'Afro-Américain George Floyd, tué par un policier aux Etats-Unis, et qui a suscité des manifestations dans de nombreux pays.
Mais quelques heures après la publication, et après avoir remplacé le nom de l'auteure par des initiales, le quotidien du plat pays retirait finalement le texte. Selon La Libre, «suite à de nombreuses insultes envoyées à l'auteure de cette opinion, cette dernière a préféré ne plus signer ce texte». «Nous supprimons donc ce texte, et reviendrons sur les questions qu'il soulève dans un débat contradictoire ces prochains jours», ajoute l'explication.
Dans le contenu visible en ligne avant la suppression, l'auteure débutait : «Comme tout le monde, j’avais posté un carré noir sur Instagram ainsi que des stories contre l’idée du racisme anti-blancs, mais toujours avec ce sentiment inexpliqué...»
Et de poursuivre : «Si le monde était la salle d’attente des urgences et que l’état physique des patients était proportionnel au taux de discriminations raciales qu’ils subissent, les Blancs auraient une égratignure au genou tandis que les personnes racisées auraient tous les membres fracturés, les deux poumons perforés et seraient en train de se vider de leur sang.»
Elle expliquait ensuite «s'être sentie comme membre d’une famille gênante [les Blancs] dont on préférerait ne pas faire partie». Elle se disait d'ailleurs «juste honteuse, avec une folle envie de disparaître pour ne plus être associée à elle».
La «honte», une «solution», selon l'auteure
«Voir sa classe en tant qu’oppresseur et être obligé de s’identifier à elle, ça fait mal», ajoutait-elle, estimant que le Blanc doit «accepter» d'avoir «honte». L'étudiante en sciences politiques poursuivait : «Il nous est désormais impossible de reposer notre ego sur notre blancheur, notre "fierté raciale" tant celle-ci est teintée d’autohumiliation».
«La seule solution qu’il nous reste est de tout mettre en œuvre pour lutter contre ce qui humilie la classe des Blancs, à savoir son attitude oppressive envers les racisés», insistait-elle par ailleurs, en cherchant apparemment à attirer l'attention d'une catégorie de personnes : «Les personnes racisées peuvent me compter parmi leurs alliés.»