Caracas annonce que Juan Guaido se trouve dans l'ambassade de France, Paris dément
Selon des déclarations du ministre des Affaires étrangères Jorge Arreaza, Juan Guaido s'est réfugié dans l'ambassade de France à Caracas. La diplomatie française a démenti la présence de l'opposant dans sa représentation.
Le chef de la diplomatie vénézuélienne, Jorge Arreaza, a fait savoir ce 5 juin que l'opposant Juan Guaido – qui s'est autoproclamé président par intérim du pays – se trouvait actuellement dans l'enceinte de l'ambassade de France à Caracas.
Une information démentie par Paris, selon qui Juan Guaido n'est pas présent dans sa représentation. «Monsieur Juan Guaido ne se trouve pas à la résidence de France à Caracas. Nous l'avons confirmé à plusieurs reprises aux autorités vénézuéliennes», a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Agnès von der Mühll.
«Nous ne pouvons pas entrer dans les locaux d'une ambassade de quelque pays que ce soit, en l'occurrence de l'Espagne ou de la France, et faire en sorte que la Justice [les] arrête de force. Ce n'est pas possible», a de son côté expliqué le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, interrogé à la radio sur la présence d'un autre opposant, Leopoldo Lopez, dans la résidence de l'ambassadeur d'Espagne.
«Nous espérons que ces gouvernements changeront d'avis et livreront ceux qui veulent échapper à la justice vénézuélienne», a-t-il ajouté.
C'est une honte pour la diplomatie de la France ce qui s'est passé, et ils vont en payer le prix très, très bientôt
Le diplomate a également déploré une «situation profondément irrégulière» et annoncé : «C'est une honte pour la diplomatie de l'Espagne, c'est une honte pour la diplomatie de la France ce qui s'est passé, et ils vont en payer le prix très, très bientôt.»
Avant le démenti de Paris, le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon avait fermement critiqué la décision de Paris d'accueillir «le putchiste Juan Guaido» à l'ambassade de France, soulignant qu'il s'agissait d'un choix d'Emmanuel Macron et non du «peuple français».
Au peuple du #Venezuela. C'est Macron qui accueille dans notre ambassade le putchiste #Guaido agent de #Trump, pas le peuple francais ! Ne tournez pas votre colère contre la France qui reste l'amie des peuples qui luttent pour leur dignité.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) June 5, 2020
Juan Guaido avait nié s'être réfugié dans une ambassade
Les deux pays font partie de la cinquantaine dans le monde qui reconnaissent Juan Guaido comme président par intérim. Le 1er juin, le chef de l'Etat Nicolas Maduro avait suggéré que Juan Guaido pouvait s'être «caché dans une ambassade».
Son opposant avait nié, écrivant «On te ment» sur Twitter et indiquant être «avec le peuple». Caracas a qualifié à de multiples reprises Juan Guaido de «fugitif», sans rendre public un éventuel mandat d'arrêt auquel il aurait échappé. Récemment, les deux hommes s'étaient accordés sur une recherche commune de fonds afin de faire face à la pandémie de coronavirus dans le pays. En mai, la France avait convoqué l'ambassadeur du Venezuela à Paris pour protester contre le traitement infligé à sa représentation diplomatique à Caracas sur fond de tensions avec le président vénézuélien Nicolas Maduro.
Depuis le 2 mai, des barrage filtrants du service de renseignements vénézuélien (Sebin) ont en effet été érigés de part et d'autre de la rue de Caracas où se trouve la résidence de l'ambassadeur de France, Romain Nadal. Celle-ci n'est par ailleurs plus alimentée en électricité depuis une coupure le 3 mai et doit recourir à un groupe électrogène. Elle n'a plus non plus d'eau et le puits qui s'y trouve ne peut être actionné faute de carburant pour alimenter la pompe, les camions-citernes n'ayant plus accès à la rue pour l'approvisionner.
Des liens entre Paris et Juan Guaido étaient notamment apparus au grand jour lors du retour au Venezuela de l'opposant le 11 février. Alors qu'il était accueilli sous les huées à l'aéroport, sa femme avait été escortée par des équipes diplomatiques européennes et notamment française, en présence de l'ambassadeur français au Venezuela, Romain Nadal.